Le plan de l’envoyé spécial conjoint de l’Onu et de la Ligue
arabe pour la Syrie, Kofi Annan, devait entrer en vigueur, hier, avec un
cessez-le-feu par les troupes syriennes. Il a fait long feu.
Hier mardi, jour où les troupes du régime de Damas étaient
supposées cesser toute violence, l’armée syrienne a poursuivi ses bombardements
sur plusieurs localités insurgées. Cinquante-deux personnes, dont 28 civils, 19
membres des forces gouvernementales et cinq rebelles, ont péri.
Ces opérations meurtrières ont constitué un vrai pied de nez
à Kofi Annan et à son plan de résolution de la crise qui exige un arrêt des
combats et un retrait des forces militaires gouvernementales des zones tenues
par l’opposition. « Ils (l’armée syrienne) indiquent qu’il y a eu des retraits
[…] Mais nous avons des indications d’autres sources qu’ils se déplacent dans
d’autres endroits qui n’étaient pas visés auparavant », a regretté Kofi Annan,
l’émissaire international pour la Syrie, après avoir visité un camp de réfugiés
syriens à la frontière turque.
« Je demande à nouveau au gouvernement syrien et aux autres
parties syriennes de cesser la violence en accord avec le plan (de paix) et je
pense qu’il ne doit pas y avoir de préconditions pour faire cesser la violence
», a-t-il ajouté, espérant encore « un signal de paix » d’ici à jeudi.
Alors que le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï
Lavrov, appelait son allié syrien à être « plus actif » et « plus ferme » dans
son application du plan Annan, la France dénonçait, pour sa part, le régime de
Damas et « le sentiment d’impunité contre lequel la communauté internationale doit
absolument réagir »
Les rebelles, censés, selon le plan Annan, cesser également
le feu d’ici à jeudi matin, ont donné deux jours au régime pour arrêter ses
opérations et retirer ses troupes sous peine de reprendre leurs attaques. «
Pendant 48 heures, nous nous défendrons seulement. Si les bombardements ne
cessent pas et que les chars ne sont pas retirés, nous passerons à l’attaque et
intensifierons nos opérations militaires », a prévenu le colonel Kassem
Saadeddine, porte-parole de l’Armée syrienne libre (ASL) en Syrie.
La tension n’est pas retombée, non plus, à la frontière
turco-syrienne après que des tirs en provenance de Syrie ont fait des blessés
en Turquie. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, dont le pays
accueille 25 000 réfugiés syriens, a haussé le ton mardi, estimant qu’« il
s’est produit une très claire violation de la frontière […]. Nous prendrons
évidemment les mesures nécessaires », a-t-il promis.