mercredi 11 avril 2012

Syrie : le cessez-le-feu se fait attendre


Le plan de l’envoyé spécial conjoint de l’Onu et de la Ligue arabe pour la Syrie, Kofi Annan, devait entrer en vigueur, hier, avec un cessez-le-feu par les troupes syriennes. Il a fait long feu.

Hier mardi, jour où les troupes du régime de Damas étaient supposées cesser toute violence, l’armée syrienne a poursuivi ses bombardements sur plusieurs localités insurgées. Cinquante-deux personnes, dont 28 civils, 19 membres des forces gouvernementales et cinq rebelles, ont péri.

Ces opérations meurtrières ont constitué un vrai pied de nez à Kofi Annan et à son plan de résolution de la crise qui exige un arrêt des combats et un retrait des forces militaires gouvernementales des zones tenues par l’opposition. « Ils (l’armée syrienne) indiquent qu’il y a eu des retraits […] Mais nous avons des indications d’autres sources qu’ils se déplacent dans d’autres endroits qui n’étaient pas visés auparavant », a regretté Kofi Annan, l’émissaire international pour la Syrie, après avoir visité un camp de réfugiés syriens à la frontière turque.

« Je demande à nouveau au gouvernement syrien et aux autres parties syriennes de cesser la violence en accord avec le plan (de paix) et je pense qu’il ne doit pas y avoir de préconditions pour faire cesser la violence », a-t-il ajouté, espérant encore « un signal de paix » d’ici à jeudi.

Alors que le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, appelait son allié syrien à être « plus actif » et « plus ferme » dans son application du plan Annan, la France dénonçait, pour sa part, le régime de Damas et « le sentiment d’impunité contre lequel la communauté internationale doit absolument réagir »

Les rebelles, censés, selon le plan Annan, cesser également le feu d’ici à jeudi matin, ont donné deux jours au régime pour arrêter ses opérations et retirer ses troupes sous peine de reprendre leurs attaques. « Pendant 48 heures, nous nous défendrons seulement. Si les bombardements ne cessent pas et que les chars ne sont pas retirés, nous passerons à l’attaque et intensifierons nos opérations militaires », a prévenu le colonel Kassem Saadeddine, porte-parole de l’Armée syrienne libre (ASL) en Syrie.

La tension n’est pas retombée, non plus, à la frontière turco-syrienne après que des tirs en provenance de Syrie ont fait des blessés en Turquie. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, dont le pays accueille 25 000 réfugiés syriens, a haussé le ton mardi, estimant qu’« il s’est produit une très claire violation de la frontière […]. Nous prendrons évidemment les mesures nécessaires », a-t-il promis.