Hier matin place Poelaert, 80 personnes avaient répondu à
l’invitation envoyée mercredi dernier via le réseau social Facebook pour
manifester contre tous les fascismes, en réaction à la manifestation organisée
par le Parti populaire. Dans la foule, mères de famille, enfants, personnes
âgées et jeunes avaient répondu présent.
“Nous voulons leur montrer que nous sommes présents et que
nous ne restons pas les bras croisés pendant qu’ils véhiculent des idées de
haine”, dit une femme. “Première, deuxième, troisième génération, nous sommes
tous des enfants d’immigrés !” scande la foule.
Les choses se compliquent Porte de Namur. Ayant reçu l’ordre
d’empêcher les deux manifestations de se croiser et de faire barrage, les
forces de l’ordre sortent alors matraques et bombes lacrymogènes pour
impressionner les marcheurs.
Ne cherchant aucun conflit, le groupe décide de s’arrêter et
de passer dans diverses ruelles pour poursuivre son trajet. Le jeu du chat et
de la souris débute. Les protestataires réussissent à prendre à contre-pied le
cordon de sécurité. “On vous a eus !” dit un jeune homme tout souriant à la
policière qui lui sourit aussi. Mais toutes les bonnes choses ont une fin.
Au niveau de la station de métro Trône, les plus jeunes
foncent sous terre pour ressortir de l’autre côté. Plus réactive, la police
bloque les deux issues. En train de filmer la scène, l’un des protestataires
monte alors les marches du métro lorsque, soudain, surgit un policier lui
disant très sèchement “arrête-toi et ne bouge plus”. La situation est pourtant
relativement calme. Tout à coup, les officiers se mettent à matraquer celui qui
montait les marches, puis chargent sur la foule coincée dans le métro. Certains
profèrent diverses insultes à caractère raciste…
peu après , les manifestants tentent de se réfugier dans une
rame du métro en train d’arriver. “N’ouvre pas les portes !” dit l’un des
officiers au chauffeur. La charge policière est brutale. Elle ne distingue pas
les manifestants des autres personnes présentes dans le métro. “T’es
journaliste ? On s’en fout !” nous lance l’un d’eux pendant que ses collègues
frappent dans tous les sens : manifestants, voyageurs, journalistes… “Arrêtez
!” crie une femme. “On ne sait plus respirer !” Toujours sans succès.
Bilan de ce vrai lynchage policier : deux hommes en sang
dont un – Snatsh de son surnom – a dû être évacué en ambulance. Tabassé par la
police (il en avait quatre ou cinq sur le dos), Snatsh présente une large
ouverture sur le crâne. Il est resté inanimé durant quelques minutes dans le
métro avant que la police ne le remonte à la surface tel un sac de patates. Les
secours l’ont réanimé. Ils ont même sorti le défibrillateur, au cas où…
Le jeune homme s’en sortira finalement avec quelques points
de suture sur le crâne tandis que la trentaine de manifestants interpellés a
été libérée quelques heures plus tard.