Eric Zemmour avait porté plainte pour injure et diffamation après la diffusion sur internet, en mars 2009, d'une chanson du deuxième album du rappeur intitulé "Sur les chemins du retour".
Les paroles incriminées étaient: "A force de juger nos gueules, les gens le savent qu'à la télé souvent les chroniqueurs diabolisent les banlieusards, chaque fois que ça pète on dit que c'est nous, je mets un billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d'Eric Zemmour".
La chambre de la cour d'appel spécialisée dans les affaires de presse a estimé qu'il n'y avait ni diffamation ni injure publique et débouté Eric Zemmour.
Les magistrats considèrent que M. Zemmour, "journaliste, chroniqueur et polémiste connu pour son sens pas toujours bienveillant de l'humour et de la formule", est "un personnage public" vis-à-vis duquel "une plus grande tolérance s'impose". La cour relève, par ailleurs, que le rap est "un style artistique permettant un recours possible à une certaine dose d'exagération".
Dans la chanson de Youssoupha consacrée aux "difficultés rencontrées par de jeunes banlieusards" en raison de leur origine, le passage incriminé n'excédait "pas les limites admissibles en matière de liberté d'expression artistique", conclut la cour.
En première instance, le 26 octobre 2011, le tribunal correctionnel de Paris avait donné raison à Eric Zemmour.
Le rappeur avait été condamné pour injure publique à une peine d'amende de 800 euros avec sursis. La directrice générale d'EMI Musique France, Valérie Queinnec, avait également écopé de 500 euros avec sursis. Les deux prévenus avaient été condamnés à verser à Eric Zemmour 1.000 euros de dommages et intérêts et 2.000 euros de frais de justice.
Le rappeur de 33 ans s'était notamment défendu en évoquant les multiples provocations d'Eric Zemmour à l'encontre du rap, que le chroniqueur décrit comme "une sous-culture d'analphabètes".