dimanche 24 juin 2012

Billet d'humeur du dimanche 24 juin 2012 (Pourquoi François le Second a viré Nicole Bricq - Le dossier Shell en Guyane)


En ce dimanche 24 juin 2012, quoi de neuf en ce monde ??? Nicole Bricq, Ministre de l'Écologie et du développement durable (sic), est virée de son poste au bout d'un mois ! Encore une promesse de François Hollande qui fait psccchhhiiittt…

Le  20 juin 2012, c’était Le grand Vizir Ayrault que Francois le Second envoyait courageusement au casse-pipe pour annoncer que les « euro-bonds » était une promesse bidon reléguée au magasin des farces et attrapes, sitôt passé le second tour des législatives.

Le  soir du 21 juin, c’est encore Le grand Vizir Ayrault qui porte le chapeau : il débarque Nicole Bricq de son poste de « ministre de l’écologie et du développement durable » pour la remplacer par Delphine Batho. (Laquelle devait d’ailleurs se demander à quoi elle servait au juste comme « ministre déléguée auprès de la ministre de la Justice », poste où elle n’est pas remplacée…)

Ce débarquement de Mme Bricq est d’autant plus remarquable que les médias à la botte avaient glosé, voici un mois à peine, sur la pertinence extraordinaire du choix de cette femme pour ce poste. Le journal Le Monde du 4 juin 2012 (il y a 17 jours…) lui avait ainsi consacré une interview flatteuse, dans laquelle on pouvait lire ce qui suit :

Question du Monde : – « N’est-il pas étonnant d’avoir nommé au ministère de l’écologie une socialiste, et non une personnalité issue des milieux écologistes ? »

Nicole Bricq : – « Les réactions de la mouvance écologiste ont été très favorables, pour une raison bien simple : je connais les dossiers, j’ai une vraie légitimité et une forte conviction. J’ai, par exemple, beaucoup contribué en 2008, alors que le premier secrétaire du PS était François Hollande, à intégrer l’écologie au sein de la déclaration de principe du Parti socialiste. »

Question du Monde : – « Iriez-vous jusqu’à dire que le PS s’est converti à l’écologie ? »

Nicole Bricq : – « N’en suis-je pas la preuve ? Il y a, j’en conviens, de petites différences culturelles entre certains de mes collègues et moi. Je ne nie jamais les obstacles, car il faut les connaître pour les surmonter, mais je pense avoir des appuis de poids au sein du gouvernement, parmi les associations et dans la société. Ce sera décisif. »

Relire ces paroles est du plus haut comique  puisque l’on découvre que celle qui pensait « avoir des appuis de poids au sein du gouvernement, parmi les associations et dans la société » allait être virée 17 jours après.

On découvre aussi avec intérêt que Francois le Second se moque, semble-t-il, comme d’une guigne de quelqu’un qui « connaît les dossiers, [qui a] une vraie légitimité et une forte conviction. »

Quant à la fidélité et à la gratitude du nouveau Président de la République, on en a également un aperçu instructif puisqu’il vient de virer comme une malpropre, un mois après sa nomination, la responsable qui avait « beaucoup contribué en 2008, alors que le premier secrétaire du PS était François Hollande, à intégrer l’écologie au sein de la déclaration de principe du Parti socialiste. »

Mais pourquoi a-t-elle été virée ? A moins qu’elle n’ait piqué une crise de nerfs à cause du énième fiasco du G20, l’explication tient plus probablement à la gifle que François le Second  et Le grand Vizir Ayrault viennent de lui infliger à l’occasion de l’affaire Shell en Guyane.




 Le 13 juin dernier, Mme Bricq avait annoncé avoir décidé avec son collègue du Redressement productif Arnaud Montebourg une remise à plat des permis de forage off-shore en Guyane française.

L’impétueuse ministre avait alors déclaré : « Je remets à plat tous les permis. Je remets donc à plat le permis de la société Shell en Guyane ». Pour justifier sa position, elle avait invoqué « l’attachement du gouvernement à la protection de la faune marine et de l’environnement » [sic !] et avait affirmé qu’elle ne disposait « d’aucune garantie » de la part de Shell.

Depuis cette annonce, plusieurs communiqués gouvernementaux avaient semé le doute. Et hier soir 20 juin, des parlementaires guyanais affirmaient que les arrêtés préfectoraux autorisant Shell à procéder à ses forages exploratoires à 150 km au large de Cayenne venaient tout juste d’être signés par le préfet de Cayenne. Lequel n’avait évidemment pas pu prendre une telle décision sans obtenir le feu vert du  grand Vizir pour désavouer la ministre de « l’écologie et du développement durable. »

On notera au passage que la gifle est aussi administrée à Arnaud Montebourg, qui avait pris la codécision avec Mme Bricq sur cette affaire de Shell en Guyane. Le ministre du « Redressement Productif » est décidément voué à avaler des couleuvres les unes après les autres (ou plutôt des anacondas puisque la scène de passe en Amérique du sud).

A l’évidence, François le Second et Le grand Vizir Ayrault doivent avoir plus peur de Shell et des Américains que de Mme Bricq, M. Montebourg et des électeurs écologistes français…

Ce désaveu de Mme Bricq a aussitôt semé l’émoi chez les associations environnementalistes : dans un communiqué commun publié ce soir, France Nature Environnement, WWF, Greenpeace, Oceana, la Fondation Nicolas Hulot, et Guyane Nature Environnement entre autres, s’insurgent contre cette décision dangereuse.

Ces associations, qui ne connaissaient pas encore le limogeage de Mme Bricq, viennent ainsi de déclarer : « Le fait que la ministre de l’Environnement perde son premier arbitrage est de très mauvais augure pour la future conférence environnementale, le débat sur la transition énergétique et la réforme du code minier. [...] La plus grande transparence doit être faite sur les raisons avancées pour justifier ce revirement. » [On va rire...]

Dans leur communiqué les ONG montrent aussi à quel point elles tombent de haut et ont le sentiment de s’être faites rouler dans la farine par les Tartuffes du PS : « Il y a de quoi douter de la sincérité de la France dans les discussions au Sommet sur le développement durable réuni actuellement au Brésil. Cet arbitrage sur les forages en Guyane tombe alors même que simultanément la France se veut fer de lance à Rio dans le plaidoyer pour les océans et la gouvernance de la haute mer. »

Un mois et demi après son élection à l’Élysée et 4 jours seulement après le second tour des législatives, toutes les associations environnementalistes affirment qu’il « y a de quoi douter de la sincérité » de François le Second… Après le bobard des euro-bonds, voici un quinquennat qui commence décidément très fort et très vite.

Cerise sur le gâteau : Mme Bricq, au lieu de quitter dignement le gouvernement, a accepté d’être nommée… ministre du commerce extérieur. À ce titre, elle va désormais arpenter la planète pour promouvoir les intérêts commerciaux français. Mme Bricq aura donc, par exemple, pour tâche de faire feu de tout bois :

- pour vendre des Airbus qui détruisent la couche d’ozone,
- pour vendre des centrales nucléaires Areva en Chine,
- ou pour obtenir des contrats d’exploration off-shore pour Total au Myanmar (Birmanie), en Méditerranée ou dans la Caspienne.

Arnaud Montebourg va pouvoir se consoler : non, il ne sera pas le seul ministre à avaler son chapeau matin, midi et soir, en contrepartie d’une voiture avec chauffeur et gyrophare.

Voila encore un jour en ce beau monde….allez allez circulez il y a rien à voir.