lundi 18 juin 2012

Notre-Dame-des-Landes : l'art de s'asseoir sur un accord dès l'entre deux tours.


On se souvient qu'après une grève de la faim d'un mois de militants contre la construction de l'aéroport de Notre dame des Landes, un accord était intervenu le 8 mai avec les responsables PS sur la non expulsion des habitants. Les législatives étaient en vue. Éviter les vagues.

En effet, le 3 mai, le futur Président Hollande avait senti le besoin de déminer le dossier …pour nommer Jean-Marc Ayrault sans risque immédiat: « J’attendrai que les recours soient levés pour qu’il y ait des travaux. Je ferai en sorte de ne rien faire qui puisse blesser, que pendant le temps des recours, les agriculteurs puissent continuer d’exploiter leurs terrains. ». Il poussait à ne rien décider, à différer en attendant des jours meilleurs pour faire quand même: la méthode hollande se mettait en branle, un accord allait se trouver qui ne blesserait personne... Comme s'il ne s'agissait, face à l'enjeu, que de sauver la face.

Cet accord signé le 8 mai par Alain Gralepois Vice-président du conseil régional des Pays de la Loire et secrétaire départemental du Parti socialiste, et les directeurs de cabinet des collectivités locales (Nantes, conseil général, conseil régional) stipula qu'il n'y aurait «...  pas d’expulsion avant la fin des recours (…) des habitants et les exploitants agricoles installés avec droit et titre sur la zone avant la déclaration de la Déclaration d'Utilité Publique (09/022008) et ayant refusé des procédures amiables »  avec l'expropriant A.G.O. (aéroport du grand ouest).

Mais la réalité est toute autre Sur le site de l'ACIPA figure un communiqué envoyé à la presse le 13 juin indiquant que :

« Mr et Mme Claude et Christiane Herbin, Le Liminbout, Notre-Dame-des-Landes, reçoivent le 11 juin 2012 par huissier une sommation de délaisser les lieux immédiatement et sans délai.

 Le mercredi 13 juin 2012 le même huissier apporte l'assignation à comparaître le mardi 19 juin 2012 à 14h au Tribunal d'Instance de Saint Nazaire.

Mr et Mme Herbin sont locataires depuis mars 1996, ils sont donc concernés par l'accord du 8 mai 2012. Cet accord mentionne : « pas d'expulsion avant la fin des recours (…) pour les habitants et les exploitants agricoles installés avec droit et titre sur la zone avant la déclaration de la DUP et ayant refusé des procédures amiables. »

Nous tenons à exprimer notre étonnement et notre profonde indignation devant cette procédure expéditive. Nous demandons aux signataires des collectivités locales d'intervenir auprès d'AGO pour qu'il retire sa plainte afin que l'accord politique soit respecté.

Signataires : ACIPA, ADECA, Confédération Paysanne, CEDPA" »

Tentative d'intimidation ? En tout cas, cela s'est produit entre les deux tours des législatives 2012.

Mais qui donc se joue de l'accord ? L'un des signataires PS ? Ou Vinci-Aéroport du Grand Ouest société à laquelle a été confiée le projet ? Incriminer le tribunal d'Instance de Saint Nazaire ou l'huissier qui fait du zèle ne saurait convaincre, sinon qu'à prêter à sourire... La réalité du terrain rattrape souvent la démocratie. Déja ?