L'avenir du site PSA d'Aulnay-sous-Bois, qui compte plus de
3000 salariés (dont 300 intérimaires), est incertain après la fin de la
production de la Citroën C3 à l'horizon 2014, la direction du groupe n'ayant
jusqu'ici pris aucun engagement écrit. Or, l'usine d'Aulnay est le plus gros
employeur de Seine-Saint-Denis. Signe de l'aspect stratégique de ce dossier
pour le nouveau gouvernement, le 2 mai dernier, le candidat socialiste à la
présidentielle François le Second, devenu depuis président, s'était brièvement
entretenu avec des salariés de cette usine, qui manifestaient devant le studio
où devaient débattre les deux candidats du second tour de l'élection. Hier
encore, le sinistre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, doit
rencontrer Philippe Varin, président du directoire de PSA Peugeot Citroën, au sujet
de l'avenir de l'usine.
Mais les choses semblent se précipiter pour l'avenir de
l'usine. Selon le maire PS d'Aulnay-sous-Bois, Gérard Ségura, PSA Peugeot
Citroën pourrait annoncer le 25 juillet, lors de la publication de ses
résultats semestriels, la fermeture de son usine. Une telle nouvelle
constituerait un coup de tonnerre dans le secteur automobile français, où la
dernière fermeture d'usine remonte à 1992, il y a 20 ans, lorsque Renault avait
arrêté le site de Billancourt, dans les Hauts-de-Seine. Elle ne manquerait pas
non plus d'embarrasser le nouveau pouvoir socialiste qui a fait du maintien des
emplois sur le sol français une de ses priorités.
C'est dans ce contexte que doit se dérouler la rencontre
Montebourg - Varin. Selon le maire d'Aulnay-sous-Bois, le ministre du
Redressement productif a d'ores et déjà "demandé au groupe (...) des
réponses très précises sur la situation actuelle du groupe, sur ses capacités
ou non à pouvoir envisager le maintien au-delà de 2014 de la production".
Sur ce point, et sur cette rencontre annoncée, PSA a refusé de faire le moindre
commentaire.
La question de l'avenir de l'usine d'Aulnay se pose depuis
plusieurs mois déjà. La CGT avait éventé l'été dernier un document interne
évoquant un scénario de fermeture du site, ce qui avait amené la direction de
PSA à assurer qu'il s'agissait d'un document de travail "caduc".
Depuis, la direction répète que le site produira encore des C3 en 2014, mais
refuse de s'engager sur un modèle pour lui succéder. "Maintenant, on ne
sait plus si c'est décembre 2014, juillet 2014 ou janvier 2014, on s'aperçoit
qu'il y a une accélération de l'aggravation et, à partir de là, une réponse de
moins en moins précise de la direction" a poursuivi Gérard Ségura.
La fin du cycle de vie de la C3 est estimée autour de 2016,
mais les syndicats craignent que l'usine d'Aulnay ne survive pas jusque-là et
que la production du véhicule soit transférée progressivement à Poissy, dans
les Yvelines, l'usine la plus proche. "La direction va prendre prétexte de
la crise économique, de la petite baisse des ventes pour annoncer, même pas une
fermeture mais le passage de deux équipes en une équipe", a déclaré
Jean-Pierre Mercier, représentant CGT chez PSA. "Et ça, pour nous, il est
évident que c'est le démarrage de la fermeture de l'usine." Une annonce
fin juillet tomberait en pleines vacances d'été.