lundi 11 juin 2012

CSP 59 : Le « changement » prône par Hollande s’arrête t-il aux frontières du nord?


Vous trouverez ci-dessous le compte rendu du rendez vous du CSP 59 le 8 juin à la préfecture du Nord.

«Nous sommes reçus ce 8 juin 2012 de nouveau par trois représentants du Cabinet du préfet M. Dominique Bur. Comme le 24 avril le préfet nous fait recevoir pour se moquer de nous et nous mépriser.

Alors que cette audience est accordée à la suite de la seconde occupation de la DDTE, le représentant du préfet déclare d’entrée qu’une réponse négative à nos doléances a été déjà faite par le préfet. C’est donc un refus catégorique à la demande de défense mensuelle argumentée des dossiers par le CSP59 en préfecture. Il ajoute que la préfecture ne « reconnait pas le CSP59 et ces rencontres » lesquelles sont donc des rencontres de pures formes, sans valeur, juste pour faire semblant.

Pour la préfecture lorsque le TA annule même plusieurs fois la décision du préfet, « il ne demande pas au préfet de régulariser, mais de réexaminer le dossier ». On lui a rappelé que quand le Tribunal Administratif (TA) cassait plusieurs fois une décision de refus et d'éloignement, et parfois condamnait la préfecture à une amende, la moindre des choses c’est d’en tenir compte. On a aussi rappelé, à propos des 6 arrêtés après l'occupation de l'UMP, que le juge avait considéré que le Préfet avait « détourné la loi ».

La préfecture persiste et signe dans le refus de la prise en compte du « changement » présidentiel : « le dispositif RESTE le même, la Codrese a vocation à disparaître une fois le stock de dossiers vidé ». Pas à une contradiction près, le même représentant de la préfecture déclare qu’il y a « plein de régularisation » en refusant de donner le chiffre et « c’est normal que les régularisations aient diminué depuis 2007 ». 

Remarque de la délégation du CSP59 : « ne pas recevoir le CSP59, ne pas le considérer comme interlocuteur, considérer que les Sans Papiers doivent être représentés par d'autres associations (LDH, MRAP, CIMADE, et d'autres... estimables) cela revient à les considérer comme des MINEURS incapables de présenter eux-mêmes leurs dossiers avec leur commission juridique ». Interpellation aussi de la préfecture sur les différences de traitement à Paris, ailleurs où les CSP défendent les dossiers en préfecture et à Lille où le CSP59 est exclu, et donc sur la discrimination dont le CSP59 est victime.  

La préfecture insiste que « la Codrese est un dispositif hors norme... destiné à écluser le stock de dossiers, et pas à être une institution permanente ». Pour lui c'est à l'Etat de « choisir ses interlocuteurs » et le CSP59 n'en est pas un « parce que vos méthodes ne nous conviennent pas... les occupations.... ». On lui a fait remarquer qu’il est absurde  de considérer que « si le peuple n'est pas comme il faudrait, dissolvez le peuple ». Et à notre question : « alors si on n'occupe plus, on devient interlocuteur »? La réponse tombe automatiquement : « mais non, pas question ».

Une sans papière fait observer que le refus du préfet que leurs dossiers soient défendus les condamne à la « clandestinité, à la délinquance, à l’insécurité », la réponse est : « non pas du tout, nous sommes humains, mais la loi c’est si une décision négative est prise, vous devez l’exécutez ».

Et en ce qui concerne le droit à la défense argumentée des dossiers en préfecture par le CSP59 le représentant du préfet s’exclame : «  Nous entendons être maîtres de nos décisions » comme si le simple fait que les sans papiers auto-organisés puissent défendre leurs dossiers, c’est déposséder le préfet de son pouvoir de décision.

Manifestement ce préfet a des difficultés à différencier, tout comme l’ex-préfet Canepa exécuteur des basses besognes de l’ex-président Sarkozy en 2007, d’une part la loi votée par le parlement et d’autre part l’interprétation et l’application de celle-ci par l’administration préfectorale.

LA DEFENSE ARGUMENTEE DES DOSSIERS EST LE DROIT DE LA SOCIETE CIVILE DE PROUVER ARGUMENT A L’APPUI QUE L’ADMINISTRATION S’EST TROMPEE.

Le mépris, l’arrogance autoritaire et le fait du prince affiché par la préfecture du nord est le prolongement de l’arbitraire, de l’inégalité de traitement, de l’injustice, de l’irrespect et de la discrimination contre le CSP59.

Ce non respect en préfecture de l’état de droit montre en réalité comme nous l’avons dit avec beaucoup de fermeté qu’il « y a dans le comportement de la préfecture une dérive dangereuse liée au sarkozisme, qui entre les deux tours, s’est révélé indigne des valeurs Républicaines, nous ne laisserons pas les idées de Mme Le Pen tout envahir ».

Nous avons aussi dit que le préfet doit répondre à la question suivante : « quelle est la raison CACHEE, du refus de reconnaitre le CSP59, de la discrimination préfectorale visant le CSP59 ? N’y a-t-il pas un rapport avec les idées d'extrême droite développées entre les deux tours par l'ancien président »? 

Face à notre fermeté, le représentant du préfet M. Dominique Bur, a dit : « si le ministre ordonne, on appliquera », ce à quoi nous avons répondu « on va donc s'adresser au ministre ».

Le CSP59 considère que LE MEPRIS, LA DISCRIMINATION, CA SUFFIT! Il est irresponsable et dangereux de jouer à l’apprenti exécuteur de la volonté du parti fasciste auquel Sarkozy a donné sur un plateau près de 18% des électeurs du pays! Aucune justification sérieuse ne peut fonder l’acharnement préfectoral a refusé le droit au CSP59 de défendre les dossiers des sans papiers, CSP59 dont la légitimité est vérifiée par sa compétence prouvée et reconnue par 5 préfets et un conseillé d’état, par toutes les associations dignes de ce nom, y compris membres de la Codrese, et sa popularité, son ancrage populaire dans le paysage social de notre région. 

Le « changement » du candidat Hollande/Ayrault/Vals s’arrête –il aux portes closes de la préfecture du nord depuis 2007 après que Rafarin premier ministre l’ait ouverte sur la base de l’accord Delarue entre 2004 et 2007 et après les ouvertures sous Chirac/Jospin de 1997 à 2002, puis sous Chirac/Sarkozy de 2002 à 2003?

Le préfet Dominique Bur nous invite à nous tourner vers le ministre de l’intérieur M. Vals en nous rappelant qu’on lui a écrit sans réponse de sa part, eh bien nous lui disons clairement de réparer l’injustice, l’arbitraire et la discrimination décidés en 2007 contre nous par le préfet Canepa, le secrétaire général de l’Elysée d’alors M. Guéant et m. Sarkozy en demandant au préfet du nord d’accepter tous les mois la défense argumentée des dossiers des sans papiers par le CSP59.

Fait le 8 juin 2012 »