Les électeurs grecs ont finalement choisi dimanche le statu
quo, c’est-à-dire le maintien dans la zone euro sans remise en question
radicale du plan d’austérité. C’est le verdict de ce deuxième scrutin qui sera
assurément accueilli avec soulagement à Berlin, Bruxelles, et même,
secrètement, par François le second peu désireux d’une tempête immédiate sur la
zone euro.
Le vainqueur est Nouvelle Démocratie, le parti traditionnel
de la droite grecque dirigé par Antonis Samaras, qui frôle les 30% des voix et
disposera de 128 sièges dans l’assemblée qui en compte 300. Il ne dispose donc
pas de la majorité absolue, et s’est prononcé dès dimanche soir pour une
coalition avec le Pasok, le parti socialiste grec, arrivé troisième avec 12,2%
et qui remporte 23 sièges.
Syriza, le parti de la gauche radicale, qui conteste
vigoureusement le plan d’austérité imposé à la Grèce par la Troïka (Union
européenne, Banque centrale européenne, FMI), tout en assurant qu’il souhaite
que la Grèce reste membre de la zone euro, est arrivé second, avec 27,12% des
voix et aura 72 sièges.
Même s’il ne gagne pas, c’est un incontestable succès pour
le parti dirigé par Alexis Tsipras, qui a connu en peu de temps une croissance
phénoménale au sein de l’électorat grec. En 2009, Syriza ne « pesait » que 4,5%
des voix. En mai, il grimpait à 17%, et un mois plus tard 27% !
Peu après l’annonce des résultats, le Pasok (parti
socialiste grec) a créé la surprise en affirmant qu’il ne participerait pas à
une coalition sans la participation de Syriza, malgré l’incompatibilité de
leurs positions. Syriza a refusé l’offre, et a même précisé que si Nouvelle Démocratie
ne parvenait pas à former une coalition, il ne chercherait pas à former le
sien. Alexis Tsipras a déclaré dès dimanche soir : « Nous serons une opposition
forte, nous ne sacrifierons pas nos positions. »
A noter le score qui reste fort du parti néo nazi Aube
dorée, qui gagne près de 7% des voix et aura donc 18 élus.
Rien n’est jamais totalement prévisible en politique
grecque. Néanmoins, avec ce résultat, les électeurs grecs, malgré leur
opposition à l’austérité qui les frappe, ont majoritairement choisi des partis
qui l’acceptent. La peur du vide, en cas de sortie de l’euro si Syriza ne
parvenait pas à renégocier les conditions de la Troïka, a sans doute joué.
Le scénario d’une coalition des deux partis traditionnels
acceptant l’accord avec Bruxelles éloigne l’orage qui se préparait autour du
sort de la Grèce dans la zone euro.
Ces derniers jours, les dirigeants européens s’étaient
concertés pour faire face à une nouvelle crise en cas de résultat similaire à
l’élection de mai, qui n’avait permis à aucun parti de former un gouvernement.
Ce scénario de crise s’éloigne, et dès dimanche soir Antonis Samaras, probable
chef du gouvernement, a eu plusieurs dirigeants européens au téléphone.
Le président de l’UE, Herman Von Rumpuy, a tweeté dans la
soirée sa satisfaction, et a déclaré que l’Europe était prête à « poursuivre
son aide à la Grèce ». Pour autant, les problèmes de la Grèce ne sont pas
terminés, la potion amère de l’austérité restant tout aussi insupportable pour
la population. Et Syriza est aujourd’hui en position de construire une
alternative en cas d’échec des vainqueurs de juin 2012.
Le résultat des élections grecques
Nouvelle Démocratie (droite) 29,53%, 128 sièges.
Syriza (Gauche radicale) 27,12% – 72 sièges.
Pasok (Soc) 12,2% – 23 sièges.
Grecs indépendants 7,56% – 20 sièges.
Aube dorée (neo-nazis) 6,95% – 18 sièges.
Gauche démmocratique 6,23% – 17 sièges.
Parti communiste grec 4,47% – 12 sièges.