Avec leurs deux enfants âgés de 9 et 10 ans, Hakob et
Susanna Alexanian ont fui leur Arménie natale en décembre 2010, victimes de
« pratiques mafieuses », et se sont
réfugiés en France le 25 décembre 2010, invoquant le droit d'asile. Mais voilà
: malgré deux recours, la décision de l'OFPRA (Office français de protection
des réfugiés et apatrides) de les renvoyer d'où ils viennent a été confirmée
par la Cour nationale du droit d'asile (CNDA). Et depuis le 5 avril dernier,
ils sont en situation irrégulière... Les responsables de l'Union locale CGT de
Tourcoing ont pris fait et cause pour cette famille, hébergée dans les locaux
syndicaux de la rue de Lille à partir du 21 juin ! Depuis le 6 juin, le couple
dormait dans sa voiture, alors que les enfants étaient hébergés grâce à un élan
de solidarité.
Deux lits de fortune ont été installés pour le couple et les
deux enfants, au rez-de-chaussée de l'immeuble qui abrite la CGT. Dans cette
famille exilée, il y a aussi le grand-père et la grand-mère. Ils ont trouvé
asile dans un refuge lillois et comme si toutes les épreuves traversées ne
suffisaient pas, la grand-mère a été hospitalisée après un malaise.
Depuis son arrivée en France, la famille arménienne était
hébergée au CADA (Centre d'accueil des demandeurs d'asile) et les deux enfants
sont scolarisés à Tourcoing. « Ils n'ont pas quitté leur pays, l'Arménie, par
plaisir, ce que tout le monde est censé comprendre », lance Samuel Meegens,
secrétaire général de l'UL CGT. Le couple, qui apprend le français et se fait
déjà bien comprendre, revient sur son départ précipité d'Arménie, expliquant
s'être trouvé sous la coupe d'un patron aux pratiques mafieuses, dirigeant une
entreprise d'import-export entre leur pays et la Russie. Lorsque la famille a
voulu s'opposer à lui, refusant d'être associée à ses pratiques, il y a eu, «
menaces, violences et séquestration »,
témoignent les Alexanian... D'où cette fuite en France, en compagnie du frère
d'Hakob, avec sa femme et ses trois enfants.
« Cette famille est à la rue ! Ce n'est pas notre rôle a
priori, mais nous ne les laisserons pas dormir dehors », poursuit Samuel
Meegens. « L'OFPRA considère que l'Arménie est un pays sûr, d'où le refus du
droit d'asile à deux reprises pour cette famille », poursuit-il. « Les pouvoirs publics,
désormais "roses" à 100 %, ne sont pas à la hauteur de ce genre de
situation. Nous les interpellons par cette voie et leur disons ceci : notre
Union locale CGT siège dans un vieux monument qui n'est pas fait pour héberger
des personnes. » Assadi Mounir, secrétaire général de l'UL CGT, lui aussi,
renchérit : « Nous protégerons et abriterons la famille Alexanian aussi
longtemps qu'aucune solution durable ne sera trouvée. Les parents et les
enfants sont avec nous sous notre protection et nous défions quiconque de les
déloger de notre Union locale. La famille Alexanian a dû quitter son pays du
fait d'un climat d'insécurité qui menaçait son existence. L'OFPRA ne le
reconnaît pas et juge leur demande abusive. » L'UL CG, qui soutient la famille
Alexanian en lien avec le comité des Sans-Papiers 59, attend une réponse claire
des pouvoirs publics et interpelle la municipalité de Tourcoing, propriétaire
de ses locaux, « pour faire en sorte que soit mis un terme à cette situation
inhumaine ».
Source : Voix du Nord