En ce vendredi 29 juin 2012, quoi de neuf en ce monde ??? Voilà
donc l'accessoire indispensable de votre été, et certainement le jackpot
commercial de l'année. Rendu obligatoire par un décret en date du 28 février
dernier, l'éthylotest garnira théoriquement dès dimanche toutes les boîtes à
gants de l'Hexagone. En ces heures décroissantes où le retour au made in France
semble l'unique panacée industrielle, une PME de l'Hérault en profite ainsi
pour jouer les bons élèves.
Déjà leader mondial de ces ballons gonflables, Contralco
devrait aussi devenir le fournisseur quasi exclusif des 46 millions
d'automobilistes français. Au bord de la faillite voici à peine quelques
saisons, l'entreprise familiale a depuis embauché à tour de bras pour
satisfaire une demande désormais estimée à 5 millions d'éthylotests par mois. «
174 personnes travaillent chez nous, soit une grosse centaine de plus que l'an
dernier », se réjouit Guillaume Neau, le responsable marketing de la société.
Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes
économiques si l'un de ces salariés n'était pas curieusement le président
d'I-Test, l'association à l'origine du décret arraché au gouvernement Fillon.
Créée il y a moins d'un an (le 26 juin 2011) par un certain Daniel Orgeval,
cette petite structure avait d'ailleurs été saluée pour avoir si vite convaincu
l'État de l'intérêt supérieur de sa démarche. Or, Daniel Orgeval n'a rien du
militant de base. Certes impliqué depuis une trentaine d'années dans la
prévention routière, l'homme est donc également responsable de la formation au
sein de Contralco.
De là à hurler au conflit d'intérêts, il n'y a qu'un pas que
la Ligue de défense des conducteurs (LDC) n'a évidemment pas hésité à franchir.
« C'est un scandale », assure sa secrétaire générale, Christiane Bayard. « On
aurait pu croire que cette association regroupait des familles de victimes ou
bien des bénévoles dé-sintéressés, et l'on découvre en fait que son président
n'est autre que le représentant des fabricants d'éthylotests. Ce monsieur a
réussi un coup de maître en garantissant à sa boîte un marché juteux de
plusieurs dizaines de millions d'euros. »
De son cotés Daniel Orgeval ne dit finalement pas autre
chose, tant il sait que sa démarche n'a rien d'illégal. « Que je sache, les
danseuses du Lido ne sont pas représentées par les groupements de marins pêcheurs
», répond-il à ceux soupçonnant I-Test d'être un syndicat professionnel
davantage qu'une association. « Et non, non, je ne passe pas mes week-ends avec
Claude Guéant, j'ai juste été convaincant auprès des députés. » Bénévole au
sein de l'association, le retraité « assume » aussi son salaire de 3 000 euros
brut mensuels chez Contralco. « Un mi-temps qui ne fait que prolonger mon
engagement contre les méfaits de l'alcool, des stupéfiants et de la vitesse au
volant. Alors, que l'on n'y cherche pas un coup tordu. »
Reconnaissant en parallèle « ne pas cracher sur les
conséquences commerciales du décret », son employeur assurait hier réfléchir au
dépôt d'une plainte pour diffamation. « Nous sommes victimes d'un tissu de
mensonges orchestré par la Ligue de défense des conducteurs, une association
obscure qui appelle aux dons, mais qui n'a même pas déposé ses statuts en
préfecture », explique Guillaume Neau.
Certes brillant leader du marché
français avec plus de 78 % des ventes et un contrat d'exclusivité avec les
forces de l'ordre, Contralco n'en a pas en revanche le monopole, contrairement
aux affirmations de la LDC. « Quant aux insinuations sur la rapidité supposée
avec laquelle le décret est passé, rappelons juste qu'il ne fait qu'appliquer
une loi votée… en janvier 1970. »
Dans ce qui ressemble ainsi fort à une guerre des lobbies,
l'ancien Sinistre des Transports Dominique Bussereau se permet pourtant un avis
plus tranché. « La Ligue de défense des conducteurs a beau être composée de
gens primaires et dé-sagréables, je trouve très choquant que le président de
l'association en faveur des éthylotests soit également employé de l'entreprise
qui les fabrique. De toute façon, la vraie solution serait d'équiper en série
les véhicules. Hélas, j'ai senti du conservatisme et de la paresse
intellectuelle chez les constructeurs automobiles quand je cherchais à les
convaincre. ». Et lui il va toucher combien l’ancien Sinistre pour que l’escroquerie
puisse continuer en paix. Voila encore un jour en ce beau monde…. Allez allez circulez
il y a rien à voir.