Les travaux ont démarré au Sommet des Peuple de Rio. Dans
les allées, l’ambiance reste à la détente. Mais le ton monte sous les
chapiteaux, où les intervenants récusent les dirigeants mondiaux.
« Nous ne gagnerons rien sans une campagne radicale contre
le capitalisme financier international. » Pablo Solon, ambassadeur bolivien,
n’a rien perdu de sa verve. C’est lui qui, en en 2010, lors de la 16ème conférence des parties sur le climat,
avait voté, au nom de son pays et seul face au monde, contre un accord
politique qui préludait la fin du Protocole de Kyoto. Il officie cette année
dans le cadre du Sommet des peuples, où, si la récréation continue dans les
allées, les travaux ont bel et bien démarré sous les chapiteaux.
Droit des travailleurs, préservation des bien communs, lutte
contre l’accaparement des terres ou pour la souveraineté alimentaire : les
séances plénières se sont enchainées dans le parc de Flamengo. A deux brassées
de la plage, quasi vide en dépit du soleil, et alors que les traverses
grouillaient de visiteurs, les délégués internationaux n’ont pas lâché la tâche
qu’ils se sont assignée, lors de débats aux horaires certes flottants, mais qui
ont tous fini par se tenir.
Avec la même bête noire en ligne de mire : l’économie verte.
Celle là même sur laquelle doit se pencher le Sommet de la Terre, conférence
des Nations unies qui s’ouvre officiellement mercredi et autrement baptisée
Rio+20.
« Ceux qui ont promu la financiarisation du carbone, sont en
passe d’en faire de même avec l’eau et la biodiversité », poursuivait Pablo
Solon lors d’une rencontre où la colère vis-à-vis des dirigeants mondiaux a
tonné. « Nous n’avons plus rien à faire des négociations (du Rio+20, ) et des
promesses de l’ONU », tambourinait ainsi Wahu Kaara, responsable d’une
organisation kényane, lors d’une intervention furieusement applaudie. « Depuis
vingt ans, on n’a fait que nous mentir. Il ne faut plus rien attendre d’eux et
avancer avec nos solutions, en reprenant notre pourvoir. »
De l’autre côté de la ville, dans le très réservé Rio centro
- où les cariocas ne seront sans doute pas invités à ce promener -, les travaux
préliminaire à la conférence onusienne sont, eux, en passe de s’achever. Le
texte qui sera présenté mercredi au 193 États a été achevé dimanche dans sa
mouture définitive. Sans surprise, il consacre un large chapitre à l’économie
verte. Il opère également un retour en arrière sur la reconnaissance d’un
certain nombre de droit, dont ceux à l’eau et à l’énergie. Pas de quoi, donc,
rasséréner les protagonistes du Sommet des peuples. Vingt ans après la
conférence de Rio de 1992 qui, en consacrant la notion de développement
durable, avait obtenu un relatif consensus en sa faveur, celle de Rio 2012
pourrait bien signer le divorce entre société civile et ONU.