mardi 19 juin 2012

Le sommet des peuples remonté contre celui de la Terre


Les travaux ont démarré au Sommet des Peuple de Rio. Dans les allées, l’ambiance reste à la détente. Mais le ton monte sous les chapiteaux, où les intervenants récusent les dirigeants mondiaux.

« Nous ne gagnerons rien sans une campagne radicale contre le capitalisme financier international. » Pablo Solon, ambassadeur bolivien, n’a rien perdu de sa verve. C’est lui qui, en en 2010, lors de la  16ème conférence des parties sur le climat, avait voté, au nom de son pays et seul face au monde, contre un accord politique qui préludait la fin du Protocole de Kyoto. Il officie cette année dans le cadre du Sommet des peuples, où, si la récréation continue dans les allées, les travaux ont bel et bien démarré sous les chapiteaux.

Droit des travailleurs, préservation des bien communs, lutte contre l’accaparement des terres ou pour la souveraineté alimentaire : les séances plénières se sont enchainées dans le parc de Flamengo. A deux brassées de la plage, quasi vide en dépit du soleil, et alors que les traverses grouillaient de visiteurs, les délégués internationaux n’ont pas lâché la tâche qu’ils se sont assignée, lors de débats aux horaires certes flottants, mais qui ont tous fini par se tenir.

Avec la même bête noire en ligne de mire : l’économie verte. Celle là même sur laquelle doit se pencher le Sommet de la Terre, conférence des Nations unies qui s’ouvre officiellement mercredi et autrement baptisée Rio+20.

« Ceux qui ont promu la financiarisation du carbone, sont en passe d’en faire de même avec l’eau et la biodiversité », poursuivait Pablo Solon lors d’une rencontre où la colère vis-à-vis des dirigeants mondiaux a tonné. « Nous n’avons plus rien à faire des négociations (du Rio+20, ) et des promesses de l’ONU », tambourinait ainsi Wahu Kaara, responsable d’une organisation kényane, lors d’une intervention furieusement applaudie. « Depuis vingt ans, on n’a fait que nous mentir. Il ne faut plus rien attendre d’eux et avancer avec nos solutions, en reprenant notre pourvoir. »

De l’autre côté de la ville, dans le très réservé Rio centro - où les cariocas ne seront sans doute pas invités à ce promener -, les travaux préliminaire à la conférence onusienne sont, eux, en passe de s’achever. Le texte qui sera présenté mercredi au 193 États a été achevé dimanche dans sa mouture définitive. Sans surprise, il consacre un large chapitre à l’économie verte. Il opère également un retour en arrière sur la reconnaissance d’un certain nombre de droit, dont ceux à l’eau et à l’énergie. Pas de quoi, donc, rasséréner les protagonistes du Sommet des peuples. Vingt ans après la conférence de Rio de 1992 qui, en consacrant la notion de développement durable, avait obtenu un relatif consensus en sa faveur, celle de Rio 2012 pourrait bien signer le divorce entre société civile et ONU.