En ce jeudi 28 juin 2012, quoi de neuf en ce monde ??? Alors
que les principales organisations syndicales et associatives de défense des
sans-papiers ont demandé au premier vizir Jean-Marc Ayrault une rencontre sur
la base de leur plateforme de revendications, on apprend par voie de presse que le nouvel obersturmführer
Manuel Valls envisage une circulaire visant à la régularisation au cas par cas
des sans-papiers. Curieuse conception de la concertation démocratique.
On ne peut accepter que cette soit disant gauche mette ses
pas dans ceux de l’ex obersturmführer Guéant en poursuivant la politique du cas
par cas. Il faut au contraire définir des critères qui permettent à tous d'être
regulaisés. Ces critères ne peuvent s'appuyer sur une conception d'un autre
temps selon laquelle les immigrés seraient un problème alors même que toutes
les études démontrent le contraire.
Malgré des annonces prometteuses sur la fin de la rétention
pour les enfants ou la création d'un titre de séjour de 3 ans, les propos du
nouvel obersturmführer Manuel Valls sur la question des migrants sont encore
trop simplistes parfois même inquiétants : rien sur les conditions de vie des
immigrés expulsés dans leur pays où ils risquent parfois le pire, rien sur la
question des droits.
Il n’y a pas qu’au niveau des sans papiers que le bas blesse
alors que tous les dirigeants socialistes poussent des cris d’orfraie, mais
logique, contre Nadine Morano qui déclare publiquement qu’elle partage les
mêmes valeurs que les électeurs du Front National et qu’elle aime le couscous,
à Grenoble, Toulouse et Lyon, le nouvel obersturmführer Valls, lui, applique
scrupuleusement la même politique que l’ex obersturmführer Claude Guéant à
l’égard des roms.
Grenoble, mercredi
22 mai
A 6 heures du matin une centaine de policiers entoure le
camp de La Tronche occupé par des roms. Les enfants sont réveillés dans leur
sommeil. Ils hurlent, c’est la panique.
140 personnes sont « recensées » selon les termes de la
police. Une vingtaine d’Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF)
est délivrée à la chaîne, toutes sont rédigées sur le même modèle. Deux
personnes sont conduites en rétention. Depuis l’élection de François le Second,
les expulsions se multiplient à Grenoble. « C’est le grand nettoyage de
printemps avant les vacances, comme en 2010 et 2011. Rien ne change » s’indigne
un militant.
Toulouse, mercredi 6 juin
Un campement de roms situé le long de la Garonne qui
abritait une trentaine de personnes est démantelé. La police est arrivée avec
un bulldozer et a détruit toutes les cabanes. Avec les 2 évacuations opérées
par la police la semaine précédente, ce sont plus de 100 personnes qui sont
jetées à la rue en quelques jours. Cette fois-ci, c’est la supposée dangerosité
du site qui est mise en avant. Avec une possible montée des eaux, les personnes
seraient en danger. La préfecture doit estimer que pour des enfants et des
nourrissons, dormir à la rue, sous la pluie, sans abri, exposés aux dangers de
la rue, c’est un sort beaucoup plus enviable.
Lyon, jeudi 14 juin
Lyon, jeudi 14 juin
Environ 50 roms se retrouvent à Perrache pour attendre le
car qui les conduira à l’aéroport où ils seront rejoints par d'autres en
provenance de Saint-Etienne. Un charter a été spécialement affrété pour eux par
l’OFII (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration), direction
Bucarest. L’OFII est toujours dirigé par Arno Klarsfeld, l’ex-boyfriend de
Carla Bruni Sarkozy, qui déclarait qu’on pouvait bien renvoyer les roumains
chez eux, car ce n’était quand même pas Auschwitz.
En ce moment à Lyon, d’après les associations, les descentes de police se multiplient dans les camps et les squats. Un militant témoigne : « La police enchaîne les descentes pour recenser et préparer les expulsions. La situation a été calme après les présidentielles et là, depuis 3 semaines, on dirait qu'ils préparent un remake de l'été 2010.»
En novembre 2011, le
Comité Européen des Droits Sociaux (CEDS) a pourtant qualifié les expulsions
collectives de roms comme étant
"discriminatoires" et "contraires à la dignité
humaine" car fondées sur l'origine ethnique des personnes concernées. Il
s’agit d’ « une violation aggravée des droits de l'homme" selon le Conseil
de l’Europe. Même le prétexte des retours volontaires est balayé par le CEDS: «
Ces retours dits volontaires ont en pratique déguisé des retours forcés sous
forme d'expulsions collectives ».
Le 27 mars 2012, François le Second, candidat à la
Présidence de la République, écrivait pourtant à Romeurope: « J’ai toujours
dénoncé, et je continuerais à le faire, la stigmatisation dangereuse lancée par
le candidat sortant en août 2010 à l’égard des populations de Roms : expulsions
brutales à répétition, stigmatisation toujours plus forte d’une population,
interdiction de travailler et de se former, reconduites aux frontières sans
résultat… ».
Même le nouveau obersturmführer
Valls, lors de sa passation de pouvoir le 17 mai avait déclaré devant l’ex obersturmführer
Guéant et les caméras: « Il n’y aura ni angélisme, ni course effrénée aux
chiffres, ni stigmatisation de communautés, d’une catégorie par rapport à une
autre…» .
Beaucoup voulaient y croire après le sarkozysme et la
stigmatisation des étrangers érigée en grande cause nationale. Il paraît que
les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent…Une preuve de plus.
Le 12 juin, à propos
de la réforme de l’espace Schengen, Daniel Cohn-Bendit a accusé nouveau obersturmführer
Valls de s’être glissé « dans les pantoufles de Claude Guéant ».l’ obersturmführer
Valls ne se contente malheureusement pas de se glisser dans les pantoufles de l’ex
obersturmführer Guéant. Il enfile le costume tout entier et trouve que cela lui
va comme un gant.
Et si jamais certains pensent encore que l’habit ne fait pas
le moine, le nouveau obersturmführer met un point d’honneur à appliquer
scrupuleusement la même politique raciste et xénophobe que son prédécesseur à
l’égard des roms: expulsions de camps, recensements, délivrances d’obligation
de quitter le territoire, reconduites à la frontière et charters… Décidément,
pour les roms et les sans papiers, le changement, c’est vraiment pas pour
maintenant.