Nous sommes en Andalousie, en Espagne, au dessus des serres
d'Almeria, dans une région les plus ensoleillée du monde. Ces serres sont un
résultat direct de la mondialisation de l'agriculture. On produit ici une
quantité faramineuse de fruits et légumes exportés partout, mais non sans
conséquences écologiques et sociales. En effet, près de 35000 ha de terre
arides, aplanies au bulldozer, sont couvertes par des serres, l’assèchement de
la nappe phréatique (nécessité de dessaler l’eau de mer pour l’eau d’arrosage)
demande la déviation de cours d’eau, l’usage intensif de pesticides et
d’engrais pollue les sols. Cette culture industrielle est évacuée par plus de
1000 camions transportant quotidiennement des milliers de tonnes de légumes et
fruits vers le nord de l’Europe (30% en Allemagne, 20% en France, 1 à 2% en
Suisse...).
En plus de cela, l’exploitation des quelques 80 000 ouvriers
et ouvrières travaillant dans des conditions précaires : le travail sur appel,
9h à 10h de travail avec une pause de 20 minutes pour un salaire souvent payé
partiellement, avec des contrats de travail fictifs ou falsifiés. Les
conditions de logement et d’hygiène semblent misérables, les travailleurs
habitent dans des cabanes de plastique en périphérie des serres, leur santé est
fortement affectée par ces mauvaises conditions de vie et de travail
(intoxications dues aux pesticides et chaleur ambiante dans les serres,
notamment), l’accès aux soins médicaux est difficile.
Réfléchissons alors quand nous avons devant nous à l'étalage
une tomate provenant d’Espagne.