Quinze
missiles Mistral, alors interdits à la vente, figuraient au sein de l'arsenal
de l'armée rwandaise, à la veille du génocide, indique un document de l'ONU,
versé jeudi au dossier d'instruction sur l'attentat contre le président
Habyarimana, affirme Libération.
La liste
révélant la présence de ces missiles sol-air de fabrication française , découverte
par une journaliste britannique dans les archives de l'ONU , a été remise jeudi
aux juges Marc Trévidic et Nathalie Poux par les avocats des personnalités
rwandaises mises en examen dans cette affaire par le juge Bruguière en 2006,
précise le quotidien dans son édition à paraître vendredi.
Jeudi
marquait l'expiration du délai offert à toutes les parties civiles pour
commenter ou contester une expertise balistique rendue publique le 10 janvier.
Celle-ci avait orienté l'enquête vers des tirs de missile depuis le camp de
Kanombe, alors aux mains de l'armée, sans désigner les auteurs possibles de
cette attaque.
L'attentat
du 6 avril 1994 contre l'avion du président Habyarimana est considéré comme le
déclencheur du génocide rwandais, qui en cent jours a coûté la vie à 800.000
personnes selon l'ONU.
Le
gouvernement rwandais soutient depuis 2009 que les tirs sont partis du camp
militaire de Kanombe, importante base des Forces armées rwandaises (FAR,
loyalistes), jouxtant l'aéroport et la résidence présidentielle au sud-est.
L'enquête
française conduite initialement par le juge Jean-Louis Bruguière avait abouti à
l'inverse au lancement en 2006 de mandats d'arrêts contre des proches du
président Kagame qui dirigeait en 1994 la rébellion tutsie du Front patriotique
rwandais (FPR).
Depuis 1994,
les anciens officiers rwandais inculpés par le Tribunal pénal international
pour le Rwanda n'ont cessé d'affirmer qu'aucun des leurs ne pouvait être mêlé à
cet attentat car ils ne possédaient pas de missiles, rappelle Libération.
Selon le
quotidien, la présence de ces armes dans les stocks de l'armée rwandaise à la
veille du génocide ne confirme ni ne contredit l'enquête en cours du juge
Trévidic. Elle n'est qu'un élément qui incite à se poser des questions
"sur l'enfumage constant de ce dossier", comme le souligne Bernard
Maingain, l'avocat des officiels rwandais mis en examen, cité par le quotidien.