La direction n’a accordé aucune interview à la presse. Seul
un communiqué a été diffusé. Quelques lignes qui claquent comme les pétards à
air comprimé qui ont explosé les oreilles de ceux qui attendaient aux grilles
du siège social ArcelorMittal France, hier, à Saint-Denis. Résumé du propos :
prolongation de la suspension temporaire d’une partie des installations de
Florange au second semestre 2012, pour cause de mauvaise conjoncture… Circulez,
il n’y aura bientôt plus rien à voir, à Florange.
Casqués, masqués, armés de banderoles, mégaphones et de ces
fameux explosifs qui leur ont permis de faire du bruit pour dix fois leur
nombre, ils n’étaient pas bien nombreux, les militants, à avoir fait le
déplacement depuis Florange. Plus de trois mois de conflit, « sans le semblant
d’une bonne nouvelle » ont de quoi épuiser les plus vindicatifs. Pourtant, la
soixantaine de courageux, dans le bus dès 5h, était bien là, prompte à
multiplier déclarations devant la presse au grand complet. « Mittal nous traite
par le mépris ? On le fait savoir. » Et toujours ces slogans entonnés par des
métallos à l’unisson : « Tous ensemble, Tous ensemble. On ne lâche rien. Ils ne
lâchent rien, mais qu’ils semblent démunis devant un Mittal à la force d’acier
et à la volonté de rouleau compresseur !
Hier, point de flagornerie. Tout au plus une petite poussée
sur les grilles du siège, qui a obligé les CRS à venir remettre un peu d’ordre.
Pour le reste, l’atmosphère était noire et les gorges nouées. « C’est grave ce
qui se passe. La direction condamne à mort le site de Florange. On ne reste pas
plus d’un an au chômage partiel. Les jeunes vont partir », alerte Yves Fabbri
(CGT).
« Mittal laisse
pourrir la situation… Après, on nous dira qu’on n’a plus les compétences, qu’il
faudrait trop d’investissements pour redémarrer… », s’alarme Fred Weber (CFDT).
Pire. Avec la filière liquide à l’arrêt, l’aval, ses trains
à chaud et à froid , risque le déséquilibre. « C’est l’usine intégrée qui fait
la force de Florange, rappelle Jean Mangin (CGT). On va au-devant de problèmes
de coûts, d’intégration, de risque d‘une cokerie condamnée. 20 M€ doivent être
investis sur le train à chaud pour voir l’Usibor passer en grande largeur. Si
ça n’est pas fait, tout est remis en cause. »
Jean-Marc Veckring, délégué CCE (CFDT), apparaît plus sombre
que jamais. « Les chiffres qu’ils produisent sont catastrophiques. On ne
comprend pas leurs analyses, mais ils ne répondent pas à nos questions. Le
marché n’est pas tel qu’ils nous le décrivent… Quels moyens avons-nous pour le
vérifier ? Avec ce qu’ils nous montrent, c’est une catastrophe pour toute la
France sidérurgique. Pas seulement Florange. Ils n’assurent pas le redémarrage
du haut fourneau de Dunkerque, après sa maintenance d’été ; les galva. de
Montataire (Oise) et Mardyck (Nord) sont menacés. Ils nous brossent un tableau
de plus en plus noir et Mittal, lui, est tranquille avec le chômage partiel
payé et les tonnes carbone qu’il récupère. Ça ne peut plus continuer comme ça.
»