Des milliers de personnes ont bravé la pluie samedi à
Montréal pour manifester contre la hausse des frais de scolarité et afficher
leur détermination à poursuivre la mobilisation, 48 heures après la rupture des
négociations entre les étudiants et le gouvernement québécois.
Partis vers 14H00 (18H00 GMT) du parc Jeanne Mance, au pied
du Mont Royal, les manifestants, des étudiants mais aussi des familles, des
grands-parents, défilaient dans le calme et la bonne humeur, sous leurs
parapluies de couleurs, certains déguisés, d'autres jouant de la musique avec
trompettes, cornes de brume ou casseroles.
Selon la Classe, syndicat étudiant le plus radical qui
appelait à la manifestation, le défilé réunissait en fin d'après-midi 10.000
personnes. "Je viens juste de rembourser (un prêt étudiant de) 15.000
dollars alors que j'ai un salaire respectable", a déclaré à l'AFP Céline
Larfeuille, une manifestante de 46 ans, ex-universitaire. "Je suis là pour
mes enfants, pour ne pas qu'ils aient à rembourser davantage. Je suis prête à
manifester chaque jour, chaque soir, jusqu'à ce que les discussions
aboutissent", a-t-elle ajouté.
La plupart des manifestants interrogés semblaient très
déterminés, expliquant avec beaucoup d'assurance pourquoi ils étaient venus
marcher un week-end, sous une pluie battante. Jacques Boisvert, 66 ans, protégé
par un grand poncho imperméable, casserole sur la tête, explique que pour un
contribuable "investir sur un jeune c'est comme faire un investissement
qui va rapporter des intérêts énormes dans le sens de notre communauté. Le
gouvernement qu'on a actuellement fait l'inverse" tempête-t-il.
Sur les balcons des immeubles, des habitants, casseroles à
la main, reprennent de plus belle le rythme de la manifestation. Sur le seuil
d'un atelier, un artiste peintre tape sur deux pinceaux pour se faire entendre.
Bruno Jetté aimerait que cette manifestation chasse Jean Charest du pouvoir.
"Le parti libéral est devenu une secte avec à sa tête un illuminé qui est
complètement déconnecté de la réalité", dit-il.
La manifestation se déroulait sous le regard attentif de la
police, ostensiblement présente. Des milliers d'étudiants ont manifesté ces
dernières semaines au Québec provoquant des tensions parfois très vives avec
les forces de l'ordre. Environ 700 personnes ont été arrêtées à Montréal et à
Québec dans la nuit du 23 au 24 mai, cinq jours après l'adoption d'une loi
spéciale limitant les manifestations.
La manifestation de samedi a été déclarée illégale dès le
départ par la police. La Classe avait prévenu que l'itinéraire ne serait pas
dévoilé aux policiers, contrairement à ce que prévoit la loi spéciale votée le
18 mai dernier. "On veut garder la pression sur le gouvernement avec une
manifestation qui va à l'encontre de la loi 78" a déclaré Gabriel
Nadeau-Dubois lors d'un point de presse au départ de la manifestation. "Nous
en sommes très fiers" a-t-il lancé.
Samedi matin, la Sinistre de l'Éducation du Québec, Michelle
Courchesne, a affirmé dans un entretien au quotidien La Presse que la loi
spéciale avait créé une "accalmie" dans les rassemblements étudiants,
bon vu l’ampleur de la manifestation on doute de se véracité. Après quatre
jours de négociations à Québec, Mme Courchesne avait rompu les discussions
jeudi. Aucune reprise des pourparlers ne semblait se dessiner samedi.