Jamal et sa famille reviennent sur un après-midi au lac qui
a mal tourné. Pour eux, « ce n’était pas une bagarre, mais une agression
raciste ». De nombreux témoins ont assisté à la scène, dimanche en fin
d’après-midi, au lac d’Orient à Mesnil-Saint-Père.
Le jeune homme raconte que ce jour-là, il se trouvait avec
plusieurs membres de sa famille, dont un bébé et des neveux et nièces
scolarisés au collège. Alors qu’ils rangeaient leurs affaires dans le coffre de
leur voiture pour retourner chez eux, ils auraient été approchés par un groupe de
six jeunes hommes. « Ils faisaient flotter en l’air un drapeau tricolore en
criant “ la France aux Français, dehors les bougnoules ”, assure Jamal. J’étais
seulement avec mon frère, qui a 45 ans, ma sœur et ma belle-sœur. Nous avons
voulu les ignorer mais ils se sont postés là, devant nous. » Jamal leur demande
alors ce qu’ils cherchent. « L’un a carrément sorti son pénis devant mes nièces
en faisant des gestes obscènes. Ils nous crachaient des injures racistes. »
Le ton monte, les adolescentes demandent aux jeunes, « qui
avaient des bouteilles d’alcool à la main » de « dégager ». « Ils se sont mis à
maintenir mes nièces et à agresser ma sœur, qui essayait de les protéger. Elle
s’est pris des coups à la tête. Mon frère a voulu les défendre et a utilisé la
seule chose qu’il avait à portée de main : un tabouret de plage. » Un des
jeunes est blessé à la tête par le tabouret et le frère en question, « qui est
petit, chef d’entreprise et qui n’a pas l’habitude de chercher des noises à qui
que ce soit », selon Jamal, est roué de coups et mis à terre.
Jamal, le bras en
écharpe après une opération, veut aussi protéger son frère, dit-il. « J’ai
saisi une clé à pipe dans la boîte à outils que ma sœur avait laissée dans son
coffre et j’ai frappé au mollet. Je ne voulais pas blesser, je suis infirmier !
»
Le neveu de Jamal, 13 ans, tente de venir en aide à sa
tante. Il en prend pour son grade. Le médecin légiste qui l’a examiné plus tard
a décidé 21 jours d’ITT (incapacité temporaire totale). Il a une épaule luxée
et une cheville plâtrée. Pour Jamal, c’est six jours d’ITT. Son frère et sa
sœur ont aussi été légèrement blessés. « Mais surtout nous sommes tous choqués
», explique Jamal. « On avait l’impression d’être dans un mauvais film »,
ajoute sa grande sœur.
La famille de Jamal a porté plainte. Les six jeunes qu’ils
mettent en cause ne l’ont pas fait, pour l’heure, et l’un d’entre eux (celui
qui a été admis aux urgences) a été entendu. La gendarmerie a ouvert une
enquête et devra entendre l’ensemble des témoins et protagonistes pour
déterminer les responsabilités dans cette affaire. En espérant que pour une
fois il écoute les victimes.