Le vendredi matin, c’est jour de marché à Hénin-Beaumont.
C’est même devenu « le marché le plus connu de France », pour reprendre
l’expression d’un héninois.
Tellement connu qu’il attire bien au-delà des militants
traditionnels. Ce vendredi 1er juin, un bruissement inquiet s’est fait entendre
dans les allées. Une quinzaine de « gros bras » au crane rasé lookés façon
skinhead –bombers, tatouages, polos et blousons Fred Perry- ont arpenté le
marché par groupe de deux ou trois avant de se masser à proximité du stand tenu
par des militants du Front de gauche. Ils distribuaient un tract du Front
populaire solidariste, un groupuscule d’extrême droite qui a vu le jour fin
2011. Le document, intitulé « De Sarkozy à Hollande : de mal en pis ! »
comportait une critique radicale de la fédération socialiste du Nord
Pas-de-calais. On pouvait y lire que « Gérard Dalongeville fait état lui-même
d’un système politico mafieux dans toute la fédération Nord du Parti Socialiste
» ou « Philippe Kermel [Kemel est mal orthographié] (…) est soupçonné par son
aile radicale d’avoir triché aux élections internes de son parti ! » ou encore
« sans le vote des binationaux, Hollande aurait perdu la présidentielle ! » Le
tout se concluant par « La gauche c’est plus d’avantages communautaires,
anti-laïcs et antirépublicains, ainsi que plus d’immigration pour grossir les
rangs de leurs électeurs ! »
Etrangement, ce tract s’adressait directement aux électeurs
de la 11ème circonscription bien que que le Front populaire solidariste ne
présente aucun candidat à la députation sur ce territoire, mais sur la 8ème
circonscription en la personne de Sylvie Langlois. Pourquoi ce groupe de
nationalistes radicaux était-il donc sur le marché d’Hénin-Beaumont ? C’est
Serge Ayoub, leur leader, qui nous l’explique. Pour mémoire, Serge Ayoub, 47
ans, connu sous le pseudonyme de « Batskin », à cause de son usage de la batte
de baseball dans les bagarres de rue entre skinheads et antifascistes dans les
années 1980-90, a été la figure tutélaire des skins parisiens d'extrême droite
à l’époque.
Il fut également le fondateur des Jeunesses nationalistes
révolutionnaires (JNR) en 1987. Ce mouvement, réputé pour sa violence à l’égard
des immigrés et des antifascistes, fut appelé à nourrir les rangs du service
d’ordre du FN dans les années 1990. Sur le marché, deux ou trois hommes de
Batskin affichaient le logo des JNR sur leurs vêtements.
« Nous avons su qu’il y avait le marché d’Hénin-Beaumont ce
vendredi et comme il y a une configuration particulière ici, c’était l’occasion
pour nous de venir parler aux gens et leur distribuer notre tract pour qu’ils
sachent qui nous sommes, » a-t-il expliqué, soulignant qu’il était
idéologiquement « proche de Marine Le Pen » même si « elle est une candidate du
système » qui ne va pas « assez loin sur les réformes sociales à conduire en
France ». L’ambition de Batskin étant de mêler le nationalisme et le socialisme
« pour la défense des Français contre le mondialisme »… Il a également précisé
que, selon lui, Mélenchon s’était trompé en pensant qu’il allait « réussir à
passer devant Marine Le Pen à la présidentielle. Son mépris lui a coûté cher
car il n’a pas vu que le vote FN était un vote d’adhésion ». Après vingt
minutes de discussion, on repart en ayant l’étrange impression d’entendre un
militant faisant campagne pour la candidate du Front national. Marine Le Pen,
pour sa part, nous a déclaré que Serge Ayoub était venu ici « faire de la
provocation puisque dés qu’il peut dire du mal de moi, il ne se prive pas». La
relation entre le FN et les militants d'extrême droite les plus radicaux a
toujours été une vieille histoire de « je t’aime moi non plus ».
Attention Henin la peste brune est dans ta rue. Nous serons
toujours la pour la combattre donc affaires à suivre afin que Serge «
facho » Ayoub ne fasse pas d’Henin une terre de propagande raciste et
haineuse.
Source : Marianne