vendredi 18 mai 2012

Billet d'humeur du vendredi 18 mai 2012 (Stériliser les drogués ou comment faire de l’eugénisme avec de l’humanitaire)


En ce vendredi 18 mai 2012, quoi de neuf en ce monde ??? L'association "Project Prevention" propose aux toxicomanes 300 dollars s'ils acceptent de se faire stériliser.

"Project Prevention" est une association américaine habituée aux critiques et coups médiatiques. Depuis maintenant plusieurs années, son programme, proposant de l’argent aux toxicomanes en échange de leur stérilisation, déclenche régulièrement un tollé. Et, ces derniers jours, elle fait à nouveau la une des médias américains après s’être félicitée d’avoir atteint la barre des 4.000 stérilisations.

C’est au début des années 90 qu’est venue à Barbara Harris cette "passion" pour les enfants de toxicomanes. A l’époque, cette mère d’un petit garçon venait de se remarier avec un homme lui-même père de trois garçons. Désireux d’avoir une fille, le couple décide alors d’adopter une fille.

Cinquième enfant d’une mère toxicomane vivant à Los Angles, la petite Destiny arrive dans la famille Harris en 1989. Pour Barbara, c’est le choc, comme elle le racontait en mars 2011 au site Parent Dish : « Avant de devenir un parent adoptif, je n’avais jamais pensé, comme beaucoup de gens, au fait que les femmes prenant des drogues ont des enfants. Ca ne m’avait jamais traversé l’esprit. Donc quand nous avant eu notre premier petit bébé, Destiny, en 1989, nous avons appris que la mère avait eu au total 5 enfants. (Destiny) avait quatre grandes sœurs et nous avons appris que, lorsqu’elle est née, elle a été testée positive au crack, PCP et à l’héroïne. C’est la première fois que j’ai pensé aux femmes qui prennent des drogues, font des enfants et, en gros, les font mariner dans leurs drogues en attendant de leur donner naissance. »

Barbara Harris se donne alors une mission : sauver ces enfants de ces mauvaises mères, ou à défaut les empêcher de procréer. Quatre mois après avoir adopté Destiny, elle reçoit un coup de fil d’un travailleur social qui lui apprend que la mère vivant à Los Angeles a de nouveau eu un enfant. Celui-ci est immédiatement adopté par la famille Harris qui, au final, adoptera au fil des années quatre des enfants de la toxicomane. Parallèlement, elle entame une action de lobbying dans le but de faire passer en Californie une loi imposant un contrôle des naissances aux mères cocaïnomanes. « Au début, j’étais en colère contre la mère : six bébés, mais comment ose-tu ? Mais j’ai commencé à focaliser mon énergie sur le système qui les autorise à faire ça. Pourquoi autorisons nous des femmes qui sont dépendantes aux drogues ou alcooliques, et qui agissent de manière totalement irresponsable, à se rendre chaque année dans un hôpital et à y déposer un bébé endommagé et à repartir, sans conséquence »

Mais, malgré un certain succès médiatique, Barbara Harris ne parvient pas à faire passer ses idées auprès des élus californiens. En 1997, elle décide d’abandonner le combat du terrain législatif et prendre les choses en mains en fondant sa propre association : la Crack pour Children Requiring a Caring Kommunity (Les enfants requérant l’attention de la kommunauté), une association à but non lucratif visant à "protéger les enfants" des toxicomanes, en les empêchant tout simplement d’en avoir.



Une des publicités de "Project Prevention"


Concrètement, la Crack, qui a depuis été rebaptisée Project Prevention, propose une somme d’argent à tout toxicomane, homme ou femme, acceptant soit de se faire stériliser soit de se faire installer un moyen de contraception à long terme, comme un stérilet ou un implant. A l’heure actuelle, la somme versée est de 300 dollars. Pour recruter les "volontaires", l’association mène des campagnes d’affichage dans les centres d’hébergements pour SDF ou les hôpitaux avec des slogans tels que : "Ne laissez pas une grossesse gâcher votre consommation de drogues" ou "Elle a les yeux de son père… et l’addiction à l’héroïne de sa mère".

La démarche, totalement légale aux Etats-Unis, a bien entendu suscité de vives réactions. Accusée d’eugénisme et de ne pas se préoccuper du sort des toxicomanes, Barbara Harris assume : « Selon mois, avec les droits, viennent les responsabilités. Et si vous agissez de manière irresponsable, alors vous devez perdre ce droit jusqu’à ce que vous agissiez de manière responsable. (…) Certains sont tellement préoccupés par les femmes et leur droit à être enceintes qu’ils semblent oublier les droits des enfants »

Le discours du Project Prevention parvient à faire mouche auprès d’un nombre d’Américains, certes limité, mais suffisant pour trouver des financements privés et se développer. Partie de Californie, la petite association de la famille Harris prend rapidement une dimension nationale en ouvrant une antenne à New York. En 2010, le projet s’internationalise même en s’installant en Grande-Bretagne. Là encore, l’initiative déclenche un tollé et Barbara Harris a bien dû mal à trouver des volontaires.

A ce jour, si le Project Prevention y est officiellement encore présent, il avoir une activité extrêmement réduite. L’année dernière, l’association a même ouvert un nouveau front en adaptant son programme à certains pays d’Afrique, comme l’Afrique du Sud et le Kenya, où la stérilisation est proposée aux toxicomanes ainsi qu’aux femmes touchées par le virus du Sida.

Même si les idées de Barbara Harris restent minoritaires, son association a en tous cas réussi à s’installer durablement dans le pays, en dépit des critiques et polémiques récurrentes. Après avoir disparu de la scène médiatique durant quelques années, le Prevention Project fait depuis quelques semaines à nouveau la une des médias américains après avoir publié un communiqué dans lequel il se félicité d’avoir passé la barre des 4.000 stérilisations ou contraceptifs, avec 4.097 personnes ayant adhéré à son programme. Sur ce total, seuls 72 sont des hommes. Dans la foulée, l'association se payait une nouvelle campagne d'affichage pour recruter de nouveaux "volontaires"...

Voila encore un jour en ce beau monde….allez allez circulez il y a rien à voir.