Au tribunal de Brest, un jeune homme âgé de 20 ans a
justifié, hier, la présence d'images pédopornographiques sur ses ordinateurs
par la volonté de devenir justicier. Cette personnalité incroyable a étonné les
magistrats sans les convaincre. «Vous affabulez un peu, non», finit par se
lasser le président Zouaoui. Il faut dire qu'il a face à lui un prévenu hors
norme, qu'une expertise psychiatrique a fini par cataloguer de «rigide».
Un prévenu de 20 ans, plein d'aplomb, chez qui ont été
découvertes photos et vidéos pédopornographiques par milliers, sur deux
ordinateurs. Mais au lieu du jeune perdu dans la confusion d'une sexualité
interdite se dresse un post-adolescent inédit, ayant arrêté l'école «parce que
le programme académique n'est quand même pas super-intéressant» et ne
travaillant pas parce que «je suis hédoniste. Je me complais dans ma quiétude,
je laisse couler le temps». En moins d'une demi-heure, ce garçon taillé dans le
roc a eu le temps de dévoiler son appartenance à l'idéologie néonazie, de
pérorer sur de nombreuses conquêtes féminines, de s'enorgueillir «d'avoir été
skinhead et même leader de groupe» ou de déplorer une dépression nerveuse
massive à la suite d'une rupture sentimentale qu'il avait lui-même provoquée.
Surtout, il justifie la collection de photos par des fréquentations
par le net avec un autre néonazi vivant dans le Nord et qui agrémentait ses
mails totalitaires de photos, mais aussi par sa volonté de faire «peur» aux
vrais pervers. «C'était ludique. À quelques-uns, on prenait des pseudos et des
photos de filles âgées de 15 ans et on appâtait sur MSN. C'était pour collecter
des informations, pour faire peur», essaie-t-il de convaincre. Dans ce jeu, il
a entraîné celui qui partage la barre. Son antithèse ou pas loin. Un jeune mal
dans sa peau, plein de complexes qui vivait via les écrans et quelques photos
illégales. Il regrette, remercie ironiquement l'autre.
Mais rien ne le démonte. «Lors de ma garde à vue, un
gendarme est venu me demander des renseignements sur ceux que j'avais épinglés.
Nous avons parlé deux jours», se glorifie-t-il. Le président Zouaoui s'agace.
La procureur Servant, elle, se fâche pour ne voir en face d'elle que «deux
jeunes gens qui ne sortent pas de chez eux et qui ont glissé doucement dans la
pédopornographie». L'un acquiesce, mais pas lui. «Je ne mens pas, je n'ai rien
exagéré», clame en défense celui qui écope de six mois de prison avec sursis
avec obligation de soins et de travail, plus 210heures de TIG pour le remettre
dans la vie active, comme l'avait souhaité le parquet. Son acolyte devra
effectuer 210heures de TIG.