lundi 14 mai 2012

La lettre de revendications des prisonniers du Centre de Détention de Roanne


Nous publions ci-dessous la lettre de revendications des prisonniers du Centre de Détention de Roanne, ils souhaitent qu’elle circule largement pour etre discutée et amendée par le plus grand nombres de prisonniers. Il est important que ces paroles d’enfermés circulent c’est si rare ! Ils ont besoin de notre solidarité et nous resterons vigilants sur ce qu’il pourrait leur arriver.

« Le 25 Avril 2012


À la Direction et à la Juge d’Application des Peines,


En cette date, nous, détenus du centre de détention de Roanne, entrons en lutte afin d’exiger que nos droits soient respectés et entendus. Vous nous obli­gez à rester en cel­lule ou dans les cour­si­ves le plus long­temps pos­si­ble, là où il n’y a aucune acti­vité pour passer le temps. Vous nous escro­quez avec les can­ti­nes et les frais de télé de plus de 8 euros, par le biais de la société Eurest. Vous ne res­pec­tez pas nos droits en matière de per­mis­sions et de réduc­tions de peine. Dans l’immé­diat, nous vous infor­mons de nos reven­di­ca­tions.


Sport


Nous exi­geons l’accès libre au gym­nase et aux salles de sport. C’est l’acti­vité la plus deman­dée par les déte­nus.


Activités


Dans chaque aile, nous avons à dis­po­si­tion une salle d’acti­vi­tés, cons­ti­tuée de quel­ques tables, chai­ses, aucune acti­vité pro­po­sée ! Nous exi­geons des jeux de société, échecs, dames, etc. Nous exi­geons aussi qu’il y ait plus d’acti­vi­tés cultu­rel­les et spor­ti­ves : tour­nois de foot, basket, volley, pêche, etc. Nous exi­geons une réu­nion socio-cultu­relle par mois avec des détenu(e)s et des inter­ve­nants, afin d’élaborer des acti­vi­tés qui ne nous soient pas impo­sées par l’admi­nis­tra­tion péni­ten­tiaire (A.P.) ou le ser­vice socio-cultu­rel.


Parloirs


Nous exi­geons, comme le pré­voit la loi euro­péenne, que la mise à nu des détenu(e)s lors des fouilles des par­loirs soit reti­rée. Le sys­tème de contrôle à l’entrée des par­loirs est lar­ge­ment suf­fi­sant pour garan­tir votre sécu­rité. Par consé­quent, cette fouille ne sert qu’à nous humi­lier et main­te­nir une pres­sion psy­cho­lo­gi­que et phy­si­que sur nous ! Les rondes au par­loir sont aussi vécues comme une humi­lia­tion par nos famil­les et nous récla­mons l’arrêt des rondes. En cas de pro­blème, nous avons un inter­phone. Ce moyen de contrôle est abusif et conduit à une humi­lia­tion de plus ! Nous exi­geons enfin les accès libres au par­loir pour nos famil­les sans demande de permis de visite, et qu’en cas de retard, des famil­les qui ont sou­vent fait des cen­tai­nes de kilo­mè­tres soient accep­tées à l’entrée des par­loirs et que la durée ne soit pas réduite.


Bâtiment


Nous exi­geons que cesse immé­dia­te­ment les mesu­res de quar­tier semi-ouvert et fermé. Tous les étages doi­vent être ouverts, matin et après-midi. Que l’on puisse cir­cu­ler d’étage en étage, et de bâti­ment en bâti­ment en jour­née, pen­dant les temps d’ouver­ture des cel­lu­les. Les sèche-linge et machi­nes à laver ne doi­vent pas être enle­vés plus d’une semaine en cas de pro­blème. Nous vous rap­pe­lons que tous n’ont pas la pos­si­bi­lité de sortir leur linge : pas de famille, pas de par­loir, pas d’argent, etc. Nous exi­geons la fer­me­ture immé­diate des quar­tiers d’iso­le­ment et dis­ci­pli­naire, et autres mesu­res spé­cia­les, la fer­me­ture du pré­toire [Sorte de tri­bu­nal (expé­di­tif) interne à la prison, mobi­lisé en cas d’inci­dent, qui condamne les déte­nus à des sanc­tions dis­ci­pli­nai­res, comme le pla­ce­ment au quar­tier dis­ci­pli­naire (« mitard »)], qui crée plus de conflits qu’il n’en règle.


Cantines


[Cantine = sys­tème par lequel les pri­son­nier-e-s achè­tent des pro­duits (nour­ri­ture, pro­duits d’hygiène, de loi­sirs…) Ils n’ont pas le choix et doi­vent ache­ter (« can­ti­ner ») auprès de socié­tés dont les prix sont exor­bi­tants.] Nous exi­geons que la société Eurest soit rem­pla­cée par une société qui pro­po­se­rait des tarifs plus bas et pas deux à trois fois le prix exté­rieur. Qu’il ne nous soit pas imposé un sur­plus de 30% sur les can­ti­nes excep­tion­nel­les, que nous ayions les prix exté­rieurs. Et que les télé­vi­sions ne dépas­sent pas le prix de 8 euros. Nous exi­geons aussi des frigos plus grands ou que le prix soit vu à la baisse.


Vie en déten­tion


Abolition des tra­vaux dégra­dants, des métiers non qua­li­fiants et dis­pa­rus à l’exté­rieur, ainsi que des rému­né­ra­tions assi­mi­lées aux tra­vaux forcés, droit aux arrêts mala­die et droit aux congés payés, droit de grève, droit à la retraite dans les mêmes condi­tions qu’à l’exté­rieur, obli­ga­tion pour l’A.P. d’assu­rer lors d’un trans­fert un emploi équivalent dans les mêmes condi­tions, dédom­ma­ge­ment par l’État (frais d’héber­ge­ment ainsi que des jour­nées non-tra­vaillées) pour les famil­les qui se ren­dent au par­loir à plus de 100 km de leur domi­cile, plus de for­ma­tions qua­li­fian­tes, télé­phone gra­tuit pour les indi­gents, l’appel aux employeurs et autres ser­vi­ces admi­nis­tra­tifs.


Remises de peine


Nous exi­geons que tous les détenu(e)s n’ayant aucun rap­port et rem­plis­sant les condi­tions de suivi socio-judi­ciaire béné­fi­cient de la tota­lité de leurs remi­ses de peine et remi­ses de peine sup­plé­men­taire, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.


Nous exi­geons que les exper­ti­ses psy­chia­tri­ques soient abo­lies.


Nous, déte­nus de Roanne, exi­geons d’être enten­dus et que nos droits soient res­pec­tés et ce dès aujourd’hui.


Lettre col­lec­tive écrite et signée par tous les déte­nus en accord avec les reven­di­ca­tions »