"La zone euro est cramée" ou encore "Quand
l'injustice devient la règle, la résistance devient un devoir"... Sous
bonne escorte policière, mais dans une atmosphère tranquille, environ 20 000
personnes selon la police, plus de 25 000 selon les organisateurs, défilaient
samedi après-midi dans le centre-ville de Francfort, la capitale financière
allemande pour protester contre les programmes d'austérité européens.
Cette manifestation est la seule à avoir été autorisée par
la municipalité et la justice allemande dans le cadre d'un programme du
collectif d'organisations anti-capitalistes "Blocupy Frankfurt"
initialement prévu sur quatre jours, de mercredi à samedi.
Hier, la capitale financière allemande, semblait en état de
siège, avec des milliers de militants anti-capitalistes bravant une
interdiction de manifester et des policiers omniprésents qui ont interpellé
plus de 400 personnes. Le collectif "Blockupy Frankfurt" avait appelé
à manifester de mercredi à samedi pour bloquer le centre-ville de la capitale
financière du pays et gêner l'activité des banques et de la Banque centrale
européenne (BCE). Mais la ville, par crainte de débordements, avait interdit
toutes les actions sauf un défilé samedi. Comme jeudi déjà, plusieurs
rassemblements du collectif disséminés dans la ville, avec jusqu'à 1.000
personnes par action, ont malgré tout eu lieu dès la matinée, dont une
manifestation devant la BCE. Très peu d'incidents ont été à déplorer et tout
s'est déroulé "dans le calme", selon la police.
Attac Allemagne, l'une des organisations du collectif
"Blockupy", a cependant dénoncé dans un communiqué vendredi soir
l'entassement des personnes interpellées dans des bus de la police pendant des
heures et leur envoi dans des centres de garde à vue dans toute la région.
"De 3.000 à 4.000 personnes" ont manifesté vendredi, a estimé Frauke
Distelrath, l'une des porte-parole d'Attac, sans pouvoir donner de chiffres
précis en raison du caractère très "décentralisé" des opérations.
La police anti-émeute allemande a procèdé à des arrestation
devant la célèbre mairie «Roemer» à Francfort, hier, le 17 mai
Depuis mercredi, environ 5.000 policiers sont constamment
déployés à Francfort pour cerner les militants anti-capitalistes. Le
centre-ville et le quartier des affaires avaient des allures fantomatiques
vendredi, avec des rues barrées, des stations de métro fermées et certaines
boutiques de luxe barricadées par crainte d'actes de vandalisme.
Par précaution, la ville avait fait évacuer temporairement
par la police mercredi le camp de tentes des "Indignés" d'Occupy
Frankfurt, présent depuis sept mois devant la BCE. Bien qu'il puisse être
réoccupé à partir de dimanche après-midi, ses résidents s'inquiètent pour son
avenir.