Voter, ce n’est pas seulement donner à un-e professionnel-le du discours politicien et à son parti la « légitimité » de contraindre, sans même avoir à respecter les promesses bidons de leur programme, toutes les populations d’un territoire.
C’est aussi obliger toutes les personnes n’ayant pas donné leur accord pour se faire gouverner par cet-te élu-e (à savoir les gens ayant voté autre chose, mais aussi les abstentionnistes et non-inscrit-e-s), à nourrir cet-te élu-e et son parti. La « liberté d’expression » des partis se présentant aux élections… est financée par l’ensemble des contribuables.
La Nouvelle République rappelle aujourd’hui cet enjeu essentiel des élections législatives : le pognon.
« Des voix qui rapportent gros. Tous les cinq ans c’est la même chose. On s’esbaudit devant le nombre toujours élevé de candidats aux législatives. Il y a pourtant une explication très simple à cet embouteillage. Le financement public des mouvements politiques est basé sur le nombre de voix récoltées au premier tour de cette élection, et au nombre d’élus. Au premier tour, chaque voix rapporte environ 1,70 € au parti qui présente le candidat (à condition de faire plus de 1 % des suffrages dans au moins 50 circonscriptions). On comprend mieux pourquoi tous les partis ont intérêt à présenter un maximum de candidats. On comprend mieux pourquoi, aussi, certains ne font parler d’eux qu’à la veille des élections législatives. Un exemple au hasard : connaissez-vous le Trèfle Nehna (Nouveaux écologistes, hommes, nature et animaux) ? Voilà un mouvement qui a présenté des candidats en 2007 (deux dans la Vienne) et qui, sur cette base, a reçu chaque année un peu plus de 150.000€ (163.339,38 en 2011) dans le cadre du financement de la vie politique. »
Bref, c’est à tout le monde qu’il revient de financer les politicard-e-s, pour voir s’étaler leurs prétentions grotesques à « représenter » les populations, dans l’espace public et médiatique.
Cette disposition de 2003 (à laquelle il faudrait ajouter que le versement a lieu chaque année, pendant cinq ans) est complétée par une somme de plusieurs dizaines de millions d’euros (40 millions en 2007), répartie proportionnellement entre les député-e-s se déclarant au parti concerné.
Une fois élu-e-s, ces député-e-s vivent grassement aux crochets des populations : 7 100,15 € bruts par mois, dont une indemnité de fonction non imposable (1 420,03 €), soit la bagatelle de 5 189,27 € nets par mois.
A cette somme rondelette s’ajoute une « indemnité représentative de frais de mandat », avec 6 412 € bruts par mois, pour les diverses dépenses « liées au mandat » : bagnole, loyer, frais de réception, d’habillement… il convient en effet, lorsqu’on vit de l’esbroufe consistant à prétendre « incarner la nation toute entière », de ne pas vivre comme de vulgaires prolétaires.
C’est aussi compter sans les avantages : pas moins de 9 138 € bruts par mois pour la rémunération des collaborateurs. Accès gratuit à l’ensemble du réseau SNCF (en première classe), déplacements gratuits à Paris en voiture de l’assemblée ou en taxi (toujours dans le cadre des missions du parlementaire, bien évidemment et nul-le n’en doute), carte de métro gratuite, remboursement des forfaits de cinq lignes téléphoniques et d’un abonnement internet…
Le président de l’Assemblée nationale perçoit quant à lui une indemnité propre de plus de 14 000 €, et bénéficie d’un luxueux logement de fonction : l’Hôtel de Lassay, avec des domestiques.
On pourrait aussi évoquer le fait qu’un mandat (de cinq ans donc) donne à un parlementaire le droit à une retraite de près de 1200 euros. Soit quasiment la pension médiane de la retraite perçue par les gens ayant bossé 40 ans. Et ce, sans décote.
Un-e député-e peut par ailleurs cumuler son indemnité parlementaire avec celles d’autres mandats électifs, dans la limite d’une fois et demie le montant brut de l’indemnité parlementaire de base, soit 2 757,34 € au titre de ses mandats locaux.
Ajoutons à cela les affaires politico-financières qui continuent de faire florès au sein de la « vie politique », à travers les réseaux d’élu-e-s : emplois fictifs, surfacturations lors de contrats publics, rétrocommissions diverses, dons aussi généreux qu’intéressés de riches ami-e-s…
Le plus sidérant dans tout ce système « démocratique », dont le rôle essentiel et historique est de donner un semblant de légitimité au capitalisme et de garantir sa défense armée, judiciaire et médiatique