Les annonces ? « Elles seront mauvaises », anticipent les
syndicats CGT-FO-CFDT. Probable maintien de l’arrêt des hauts-fourneaux et
d’une partie du packaging jusqu’à la fin de l’année. Une non-annonce depuis ces
sept mois de sidérurgie lorraine amputée de sa filière liquide. Une catastrophe
annoncée si les choses restent en l’état. « Derrière la politique de Mittal,
c’est la politique sociale qu’il va nous falloir gérer, » prévient Yves Fabbri
(CGT).
Cahin-caha, en intersyndicale, les militants continuent leur
action. Ils ne seront sans doute pas plus d’une centaine, demain, aux portes du
siège social d’ArcelorMittal à Saint-Denis où se tiendra le Comité central
extraordinaire, « mais on fera du bruit pour trois cents, » assure Walter
Broccoli (FO). « On n’attend rien de spécial, convient Jacques Minet (CFDT). On
sait que ce n’est pas la direction France qui décide, ni même la direction
Europe. Mais on veut montrer notre détermination, soutenir nos délégués. »
A Florange pourtant, malgré cette énième mauvaise nouvelle
qui semble tout droit annoncer la mort du site si l’Europe venait à ne pas
soutenir le projet de haut-fourneau écologique (Ulcos), les salariés sont
résignés. « Ils nous disent qu’on peut faire ce qu’on veut, que ça ne changera
rien, » admet Walter Broccoli. « Ils voient ce qui se passe depuis des années, décrit
Yves Fabbri. Ils sont devant un mur. Fatalistes. » Ne reste plus, aux yeux des
syndicats, que la politique : « On critiquait Sarko, alors si Hollande poursuit
la même politique… », craint Yves Fabbri. « A lui de demander à Mittal ce qu’il
veut faire de la sidérurgie. S’il n’en veut pas, qu’il la laisse à un repreneur
ou à l’Etat. C’est un intérêt national qui est en jeu. » L’exact credo de la
CFDT.
Et dans l’enjeu national, il y a celui de l’emploi, « on ne
peut pas exclure un plan social l’an prochain. Ce sera catastrophique pour les
personnes d’un certain âge. C’est déjà catastrophique pour les sous-traitants
», souligne Jacques Minet.
Et demain, c’est la demande d’ALPD – chômage partiel – qui
va tomber sur le bureau du préfet. Aujourd’hui, les jours chômés sont payés à
93 % du salaire initial. Sans cette convention d’Etat, la rémunération tombera
à 60 %. Et la colère – la vraie – risque de gronde.