On avait l'habitude de voir le préfet expulser des familles
occupant les réquisitions du DAL (plutôt que de les loger, comme il en a
l'obligation). Le conseil général tente de faire mieux : jeter à la rue un
mineur qui n'a aucune famille en France !
Djony a 17 ans, il vient tout juste d'arriver en France, à
Rennes. Comme tous les mineurs isolés étrangers (MIE, selon l'application
technocratique usuelle), il est amené jusqu'à la mission d'orientation
"MIE" du conseil général. Cette mission existe depuis septembre pour
améliorer la prise en charge de ces mineurs qui ont des problématiques
spécifiques, nous annonçait le CG35 : les mineurs y sont placés en attendant
une décision de justice ordonnant leur placement auprès du CG, auquel cas ils
rejoignent les autres mineurs isolés (étrangers ou français), pris en charge
par l'aide sociale à l'enfance.
Là, à la mission MIE, Djony est accueilli par des
travailleurs sociaux qui lui demandent son parcours et ses documents
d'identité. Ils saisissent le procureur, lui demandant de déterminer si Djony
est bien mineur, au regard des documents (dont un certificat de naissance)
qu'il a sur lui et du récit qu'il a fourni. En attendant, ils le placent à
l'hôtel, où il retrouve 4 autres jeunes qui sont dans la même situation que
lui. Ce lundi, le procureur n'ayant pas répondu, les travailleurs
"sociaux" décident de le considérer comme majeur et de l'orienter
vers la "plate-forme d'accueil des demandeurs d'asile". Concrètement,
ils le conduisent à la gare, lui donnent une pochette contenant un ticket
restaurant de 6€, un plan de Rennes (illisible), la "liste des
associations d'aide aux sans-abris", l'adresse de l'AFTAM (où commencer
les démarches pour demander l'asile) et le numéro du 115. Djony ne parle pas
français.
Il tombe sur des compatriotes qui acceptent de le prendre en
charge quelques jours. Ceux-ci alertent le collectif de soutien aux
sans-papiers qui décide de réagir face à cette situation inédite. Ce mercredi,
à 14h30, ceux-ci vont avec Djony à la mission MIE demander en vertu de quel
droit ces travailleurs sociaux ont considéré qu'il était majeur. Les
travailleurs sociaux tentent de justifier leur décision, arguant de la
surcharge du dispositif d'accueil des MIE et mettant en avant les ordres reçus
de "la hiérarchie" imposant de limiter le nombre de mineurs ainsi
accueillis. Un membre de la "hiérarchie" accepte, après plusieurs
heures de discussion, de venir en personne. "Avez-vous le droit de
décréter qu'une personne est majeure ?" demande un membre du collectif.
Réponse de l'intéressé : "je sais pas. On le prend".
Voyant une journaliste présente sur place, l’hiérarque en
réfère à sa propre hiérarchie (à savoir les élus). Moins d'une heure plus tard,
les policiers viennent évacuer ce qui s'était transformé en occupation de la
mission MIE par le collectif de soutien aux sans-papiers.
Plutôt que de respecter la loi et prendre en charge Djony,
les élus (PS) du CG35 envoient la police.