Après vingt-huit jours de jeûne, Michel Tarin a savouré, ce
mardi, le bouillon de légumes qui lui a été tendu. Cet agriculteur à la
retraite de 64 ans avait en effet entamé une grève de la faim, tout comme sept
autres opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Certains
avaient dû arrêter avant lui, d'autres l'avaient rejoint entre-temps. Lui a
tenu bon. Il a perdu 15 kg, mais y a gagné un compromis avec les promoteurs du
projet.
Nantes métropole, le conseil général de Loire-Atlantique et
la région des Pays de la Loire se sont en effet engagés à ne pas faire expulser
paysans et habitants récalcitrants avant la fin de leurs recours juridiques.
Par contre, les procédures d'expropriation vont continuer.
« On craignait de
devoir partir au 31 décembre : cela nous fait gagner environ deux ans »,
décrypte Marcel Thébault, 54 ans, qui a jeûné pendant dix-sept jours avant de
s'arrêter pour raisons médicales. Le gel des expulsions a toutefois ses limites
: il ne s'applique pas a nos copains anarchistes qui squattent les terrains
rachetés par le conseil général. Même chose pour les habitants qui ont déjà signé
un accord amiable. Le recours devant la justice européenne, qui pourrait lui
durer « trois ou quatre ans », a aussi été exclu de l'accord, selon un
représentant des collectivités locales. Idem pour tous ceux qui seraient
déposés à l'avenir.
La lutte pour l'abandon du projet n'est toutefois pas
terminée, selon Michel Tarin. L'enquête sur l'eau, qui pourrait être déclarée
d'utilité publique d'ici un an, sera ainsi contestée en justice. « Si jamais,
dans notre Etat de droit, le juridique n'arrêtait pas les procédures, alors ce
sera le soulèvement populaire », prédit l'agriculteur en retraite, dont la
famille habite depuis cinq générations à Notre-Dame-des-Landes. « Le monde
paysan a démontré sa solidarité au cours de notre mouvement : ce ne seront plus
seulement les agriculteurs de l'Ouest qui viendront, mais ceux de toute la
France. »