Ce lundi 7 mai 2012 quoi de neuf en ce monde ??? Eclipsées
par l'actualité politique française, les élections législatives anticipées grecques
ont eu lieu ce week end et ont été le
marqueur d'une vie politique bouleversée : dans un pays où près d'un jeune sur
deux est au chômage, où la cure d'austérité imposée est sans précédent, les
deux grands partis historiques se sont effondrer et surtout un parti néonazi,
fait son entrée au Parlement. Une première, depuis la chute de la dictature et
le retour à la démocratie en 1974.
"Chrisi avgi", ou "Aube dorée", a
longtemps été considéré comme un groupuscule néonazi marginal. Créé dans les
années 1980, ce parti a été crédité de 6,9 % des voix, au-dessus des 3 %
nécessaires pour être représenté au Parlement et aura 21 députés.
Ostensiblement anti-immigrés, le parti critique la politique d'austérité et
dénonce la "domination" de l'Allemagne en Europe.
Sur son site Internet, on peut lire les grandes lignes de
son programme : nationalisation des banques ayant reçu une aide de l'Etat,
réexamen de la dette, arrestation immédiate et expulsion de tous les immigrés
illégaux, surveillance spéciale des frontières grecques avec les forces
spéciales de l'armée et mise en place de mines antipersonnel. "C'est un
parti fascisant qui exprime les tendances les plus extrêmes", résume
Georges Prevelakis, professeur de géopolitique spécialiste de la Grèce.
Il se distingue en cela d'un autre parti d'extrême droite
historique, LAOS, parti électoral classique qui a participé au gouvernement de
coalition, décevant ses partisans et nourrissant les transfuges de voix vers
Aube dorée.
Au cœur de l'identité du parti néonazi : la rhétorique
anti-immigration et xénophobe."La Grèce aux Grecs", annonce une de
leurs affiches. Le parti multiplie les références néonazies. En 2010, son
leader avait obtenu un siège au conseil de la ville lors des élections
municipales à Athènes. Il est filmé en 2011, en train de faire le salut nazi en
plein conseil municipal, comme ses partisans lors des meetings."Aube dorée
est organisé en escadrons qui se spécialisent dans les attaques physiques
d'immigrés et de militants de gauche", explique Sthatis Kouvelakis,
professeur de philosophie politique au King's College, à Londres. Le 23 mai,
deux personnes proches du parti doivent être jugées pour des agressions à
l'arme blanche contre des immigrés.
Le parti capitalise sur la crise économique, "le
traumatisme, l'humiliation et le sentiment d'exaspération nationale",
poursuit le chercheur. Dans ce contexte, les immigrés deviennent une cible.
"Tous les jours, je vois des habitants qui insultent les immigrés, leur
disant qu'il faut quitter la Grèce, qu'il n'y a pas de travail pour eux",
témoigne Amarylis Logothetis, doctorante en histoire contemporaine, qui réside
dans un quartier populaire d'Athènes. "Armés de barres de fer, les
militants d'Aube dorée imposent leur loi dans certains quartiers d'Athènes où
il y a une forte concentration d'immigrés, (...) ils sont de mèche avec la
police", considère Stathis Kouvelakis.
"En Grèce, on compte 9 millions de nationaux et 1,4
million de d'étrangers, légaux et illégaux, ceci dans un pays où rien n'est
fait pour l'accueil de ces gens piégés sur place, c'est une véritable cocotte
minute", analyse le professeur. "La Grèce était la porte d'entrée en
Europe pour neuf immigrants sur dix en 2010", souligne Athens News.
Athènes a d'ailleurs commencé à construire une clôture en fils barbelés pour
endiguer l'immigration illégale à sa frontière avec la Turquie, rapporte
Euranet, qui précise que "l'année dernière, 55 000 migrants ont été
arrêtés en Grèce après avoir traversé le fleuve Evros, soit 8 000 de plus qu'en
2010".
Lors d'une campagne marquée par l'absence sur le terrain des
deux grands partis, Aube dorée a su s'imposer auprès des habitants. "C'est
une stratégie d'encadrement assez classique des populations fragiles",
estime Georges Prevelakis. "Dans les quartiers où il y a de nombreux
immigrés et une perception de criminalité, ils proposent leurs services aux
personnes âgées, les accompagnant à la banque par exemple", poursuit le
spécialiste. "Dans les quartiers populaires d'Athènes, Aube dorée s'est
doucement construit l'image d'un groupe chaleureux, sur lequel on peut compter
parmi les Grecs durement touchés par la crise que le gouvernement n'a pas
aidé", analyse Athens News.
Alors que la Grèce subit sa période de récession la plus
violente depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le thème de l'immigration
irrigue tous les partis, devançant les questions économiques. "Le parti
socialiste PASOK et le parti conservateur Nouvelle démocratie mènent des
campagnes xénophobes», considère la journaliste de Kathimerini Xenia Kounalaki
sur le Spiegel Online, rappelant la volonté du parti conservateur d'abroger le
droit du sol et les récentes déclarations d'un ministre du PASOK annonçant des
"opérations de nettoyage". A quelques jours des élections, un centre
de détention pour étrangers a été ouvert près d'Athènes, créant la polémique.
Dans ce contexte, la montée d'Aube dorée témoigne de
l'éclatement du paysage politique grec. Vainqueur des élections de 2009 avec 44
% des voix, le PASOK parti s'apprête à chuter à moins de 20 % des voix, contre
environ 25 % pour la Nouvelle démocratie. Ce sont ces deux partis, qui, dans un
gouvernement de coalition et sous l'impulsion de la troïka, ont mis en place
une politique d'austérité.
Nuancé, George Prevelakis estime qu'Aube dorée ne peut
"pas durer très longtemps". "Le parti peut gagner des voix en
s'en prenant aux étrangers, mais quand il devra s'exprimer au Parlement ou lors
d'émissions télévisées, on découvrira sa faiblesse". Pour Stathis
Kouvelakis en revanche, le pays vit une "situation cauchemardesque".
"On peut voir que la Grèce ressemble de plus en plus à la République de
Weimar", alerte le chercheur qui craint une "droitisation" de la
vie politique grecque avec le glissement vers un discours de plus en plus
anti-immigrés. Attention Amis la peste brune à repris du poil de la bête.
Voila encore un jour en ce beau monde….allez allez circulez
il y a rien à voir.